Le FILS PRODIGUE par Père John Chagnon

Publié le par Père Jean-Pierre

DIMANCHE 20 FÉVRIER 2011

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Le FILS PRODIGUE par Père John Chagnon

 

 "J'ai délaissé, insensé, la gloire paternelle et j'ai dissipé dans les vices le trésor qui me fut confié. Par la voix du Prodigue je crie vers Toi : J'ai péché contre Toi, ô Père des miséricordes, accueille-moi pénitent et traite-moi comme l'un de tes serviteurs..."
[Kondakion du DIMANCHE DU FILS PRODIGUE (9e dimanche avant Pâques) -mode 3) ]

"Je regarde les gros titres flash à la télévision et j’écouter les récits d'un monde qui a mal tourné. Et en même temps que je le fais, je sais pourquoi il en est ainsi, non pas parce que je possède une connaissance supérieure, mais plutôt parce que la sagesse de Jésus a des échos à travers les âges. 
Nous sommes des prodigues, nous tous, moi le premier, et notre orgueil nous a amenés à accepter le mensonge sur qui nous sommes, ce qu'est la vie, et le but ultime des choses. Dans notre arrogance, chacun à notre façon, nous nous sommes débarrassés de tout ce qui nous a précédés et nous nous sommes débattus dans le monde remplis de nous-mêmes et confiants en nos réponses. Notre héritage précieux a été gaspillé en vie luxueuse et en prostituées de notre propre fabrication. 
Mais maintenant, l'argent est parti et nous nous rendons compte, comme le jeune homme dans cet évangile, que les amis du bon temps ne demeurent que pour la fête et s’évanouissent dans les vents brûlants de la famine. Lorsque les accessoires artificiels et fausses fondations sont emportés par le reflux de la vague nous tombons et nous nous retrouvons face à la réalité, travaillant dur pour presque rien, notre esprit commençant à comprendre avec nostalgie que ce que nous avions dédaigné égoïstement, une maison, un lieu, une relation, un père, nous manquent. 
Non, ce n’est pas dans une porcherie que notre cœur se retrouve, sans consolation, plein de nostalgie de ce que nous avons abandonné. C’est plutôt dans notre bureau, notre maison, sur ce tabouret derrière le bar où nous nous enterrons dans notre boisson, ou bien à un moment, où, seul, dans les petites heures de la nuit lorsque l’effet anesthésiant de la culture se dissipe et que nous nous retrouvons finalement seul avec notre douleur. Mais le moment vient, il est inévitable, et nous ne nous pouvons nous dérober. 
Certains d'entre nous arrivent à cet instant et y répondent avec encore plus de ce qui les a amenés à cet état. Nous choisissons alors de boire encore plus profondément à la même source dégoûtante qui nous a retourné l’estomac et a empoisonné notre vie. Nous espérons qu’encore plus d'excès, plus d'argent, plus de ce que nous désirons va enfin nous faire faire une percée décisive jusqu’à l'endroit où nous avons espéré que cela nous mènerait tous. Un verre de plus, une soirée de plus, une hypothèque de plus sur notre avenir, une injection de plus de ce dont nous ne pouvons nous passer, au diable le lendemain et à toute vitesse. C’est une recette de mort, corps, âme, culture et monde. 
Certains, cependant, entendront ces petites voix intérieures et seront inondés de la lumière et de la sagesse acquises de la douleur. Ils se diront à eux-mêmes : « Pourquoi suis-je en train de vivre de cette façon? » ce faisant, ils font le premier pas du long voyage du retour. Comme le jeune homme dans l’histoire de sagesse de Jésus, ils reviennent à la raison et à l'humilité avec l’espoir qu'il existe pour eux encore une chance dans l'endroit qu'ils avaient laissé derrière eux. Ils craignent le pire, mais espèrent le mieux et veulent saisir la chance d’au moins se rapprocher de l’endroit où ils vécurent autrefois à défaut de s’y retrouver. 
Ce qu'ils vont découvrir, c'est que même quand ils sont encore loin, même quand la maison n’est encore qu’un point dans le lointain, un accueil les attend. Même si nous cessons souvent de nous préoccuper de Dieu, même si nous affirmons souvent notre propre sagesse contre la sienne et que nous oublions même qu'Il existe, Il ne nous ne nous oublie jamais et qui plus est, Il ne cesse jamais de nous aimer et d'attendre notre retour. Alors que nous sommes encore à l'horizon, couverts de haillons et de la puanteur de notre folie, sales, Dieu nous attire à Lui et embrasse même nos ordures en nous accompagnant à la maison en toute sécurité. 
C'est pourquoi nous combattons nos passions et nos péchés. C'est pourquoi nous vivons cette vie chrétienne. C'est pourquoi nous jeûnons et prions et adorons et faisons l'aumône et cherchons à purifier nos tempéraments et à nous remplir d'une vive espérance. Cet amour que Dieu a dépeint pour nous avec tant d'éloquence dans les paroles de Jésus nous appelle à sortir de nous-mêmes, de notre égoïsme, d’un monde brisé et à revenir à la vraie demeure de notre cœur, que nous ayons erré loin ou même pas si loin d’elle. Cependant, même si nous sommes ce nous sommes devenus, pour nous et notre monde, il y a un moyen de revenir, si nous avons la sagesse de le voir et l'humilité de faire le premier pas, et quand nous le faisons, nous commençons à posséder la vie éternelle."
(version française de Maxime le minime

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