JEUNE, PRIERE ET AMOUR

Publié le par Père Jean-Pierre

JEUNE, PRIERE ET AMOUR

La période du Carême des 40 jours, peut être comprise comme un temps unique, exclusif, un temps de préparation à la Pâque annuelle du printemps, et par cela, à la Pâque éternelle du «passage» (c'est le sens littéral du mot hébreu Pesah-Pâque), de la vie corruptible à la vie éternelle, des pénombres à la lumière, de l'exil dans une terre lointaine, celle du péché, à la vision dans le face à face du Royaume. Le programme du Carême qui résume et récapitule l'ascèse permanente de toute vie chrétienne consciente et responsable, c'est la réponse aux trois tentations qu'a subies le Christ au désert, au terme des 40 jours où il ne mangea pas et où il eut faim (Mt 4, 3).

Tentation du pain
C'est-à-dire des nourritures terrestres qui donnent à l'homme l'illusion de pouvoir vivre de lui-même, refoulant au fond de lui l'angoisse de la mort et la crainte de l'au-delà. Choisir d'avoir faim, de jeûner, c'est aussi choisir de se rendre disponible pour une autre nourriture : la parole et le pain de vie de Dieu dont tout homme a besoin poui subsister.

Tentation du miracle
C'est à dire une puissance illimitée sur les êtres, les contraignant à adorer Dieu, à lui obéir, en les subjugant plutôt qu'en agissant envers eux par le miracle de l'Esprit, celui de l'amour de la conversion du coeur. Cette conversion intérieure exige le renoncement à soi-même, le refus d'être servi. Le «Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir» (Mc 10, 45). Tel est le véritable amour qui doit tendre à imprégner toutes nos relations, nos attitudes humaines les plus quotidiennes.

Tentation du pouvoir...
Sur les royaumes de ce monde, à la seule condition d'adorer Satan.
«Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est Lui seul que tu serviras».
Cette adoration de Dieu le Père dans le Christ par l'Esprit-Saint tend à devenir la dominante la plus intérieure et la plus constante de notre vie, la priorité la plus absolue de toute existence humaine dans la foi. Prière humble et discrète, comme les gestes quotidiens d'amour, mais réalité qui envahit tellement notre coeur que celui-ci en demeure blessé à jamais. La véritable prière n'est pas seulement langage et dialogue avec Dieu, mais elle tend à être en nous prière de l'Esprit-Saint qui vit en nous et qui se confond avec notre existence et notre souffle le plus personnel et le plus profond.
Que l'«assaisonnement» de ce triple programme de Carême soit la discrétion, la non ostentation, la joie sur le visage, le non jugement des faibles, la non envie des forts, le sentiment aussi que le Seigneur Jésus est venu sauver les pêcheurs dont je suis le premier («Laisse-moi voir mes propres pêchés et ne pas juger mon frère» ). Le fruit du jeûne et sa force sera la prière, le signe de la venue en nous de l'esprit de l'amour sera l'amour, l'amour de nos proches, chacun de ceux pour qui le Christ est mort.

Père Boris BOBRINSKOY
Professeur à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge à Paris

Un frère demanda à abba Poemen : " Que dois-je faire pour mes péchés ? " L’ancien lui dit : " Qui veut racheter ses péchés, les rachète par les pleurs, et qui veut acquérir les vertus, les acquiert par les pleurs. "

 

LE CAREME, VOYAGE VERS PAQUES

Lorsqu'un homme part en voyage, il doit savoir où il va. Ainsi en est-il du Carême. Avant tout, le Carême est un voyage spirituel et sa destination est Pâques, la «Fête des fêtes». C'est la préparation à «l'accomplissement de La Pâque figurative, la vraie révélation». Nous devons donc commencer par essayer de comprendre cette relation entre le Carême et Pâques, car elle révèle quelque chose de très essentiel, de crucial, quant à notre foi et notre vie chrétienne. (...)
Pâques est notre retour annuel à notre propre baptême, tandis que le Carême est notre préparation à ce retour, l'effort lent et soutenu pour, finalement, accomplir notre propre «passage» ou «pâque» dans la nouvelle vie en Christ. (...)
Un voyage. Un pélerinage. Et déjà, en l'entreprenant, dès le premier pas dans la «radieuse tristesse» du Carême, nous apercevons au loin, bien loin, la destination : la joie de Pâques, qui rend radieuse la tristesse du Carême et qui de notre effort du Carême un «printemps spirituel». La nuit peut être sombre et longue ; mais, tout au long du chemin, une aube mystérieuse et lumineuse pointe à l'horizon. «Ne dèçois pas notre attente, ô ami de l'homme !».

Alexandre SCHMEMANN
Extrait du livre : Le Grand Careme. (Série : Spiritualité Orientale, n° 13,éd. Abbaye de Bellefontaine, 1974. pp, 9, 14-15)

Publié dans Méditations

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