orthodoxie et politique

Publié le par Père Jean-Pierre

L'expérience politique de l'orthodoxie aujourd'hui

Mgr Stephanos Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie

1. Avant de nous avancer plus avant dans notre sujet, il y a lieu de poser deux principes propres à l'attitude orthodoxe. Le premier, c'est que l'Eglise conserve toujours la responsabilité de continuer à prêcher la parole prophétique de Dieu en toute situation sans exception, car il n'existe aucune situation politique qui n'ait besoin de la parole de Dieu. Le second, c'est que la vérité de l'Eglise n'est pas une théorie métaphysique ou "religieuse", ni une règle morale, mais elle constitue un mode d'existence, radicalement différent de l'existence mortelle des individus naturels. Le mode d'existence de l'Eglise présuppose en effet la transformation dynamique des individus en personnes. Dans le terme "personne" il faut comprendre le vécu de la vie comme communion d'amour, à l'image de notre prototype existentiel qui est la Sainte Trinité, Dieu qui est amour(1). Voici pourquoi l'orthodoxie, dans le cadre de l'Eglise locale, peut acquérir des colorations diverses, selon les Eglises autocéphales et nationales (et jamais nationalistes). Cela apparaît clairement dans les pays historiques orientaux, mais on constate la même affinité avec la nation (et non avec sa politique) dans les pays occidentaux où l'orthodoxie a émigré au cours de notre siècle. Et on voit également pourquoi notre tradition a toujours été très hésitante face à l'idée d'un centre juridique de l'Eglise universelle dans lequel elle voit pour les Eglises nationales autocéphales le danger immédiat d'une dépendance juridique à l'égard d'un centre extérieur à leur pays. Pour l'orthodoxie, l'Eglise doit être inséparablement liée à son peuple, afin de pouvoir le secourir dans ses problèmes et apporter sa parole prophétique dans le sens juste et le milieu immédiat et avec le souci de ne jamais courir le risque de représenter un Etat sacré et universel dans l'Etat local et profane car cela provoquerait à ses yeux une opposition entre l'Eglise et l'Etat et une séparation entre l'éternel et le temporel d'où résulterait un anticléricalisme radical. Cela explique par exemple l'attitude de l'Eglise orthodoxe dans les Pays de l'Est : confrontée à des gouvernements de pays assumant jusqu'à ces temps tout récents et prônant officiellement un athéisme militant, les efforts de l'Eglise se sont portés vers le souci de maintenir le point de contact avec les autorités civiles pour une collaboration en vue du bien-être des citoyens et des sociétés tout entières.

Suite sur :http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/societe/politique.htm

Publié dans conférence

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article