LETTRE PASTORALE DU SAINT-SYNODE POUR LE DIMANCHE DE L’ORTHODOXIE

Publié le par Père Jean-Pierre

LE PATRIARCAT ROUMAIN

SECTEUR DES COMMUNICATIONS

ET DES RELATIONS PUBLIQUES.

CENTRE DE PRESSE BASILICA

LETTRE PASTORALE DU SAINT-SYNODE POUR LE DIMANCHE DE L’ORTHODOXIE

 

Collecte pour le fonds missionnaire

Le premier dimanche du carême des saintes Pâques (cette année 21 février 2010) a été institué par le Concile de Constantinople de 843 comme fête de l’Orthodoxie, pour souligner la victoire de la vraie foi sur l’iconoclasme, hérésie qui affirmait que les saintes icônes ne doivent pas être vénérées, et en général contre toutes les hérésies.

Ce dimanche, dans touTes les églises et tous les monastères du Patriarcat roumain, est organisée une collecte pour le Fonds Central Missionnaire, au profit des activités missionaires et des oeuvres sociales et caritatives de l’Eglise orthodoxe roumaine

Le Dimanche de l’Orthodoxie, le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine adresse au clergé et aux fidèles orthodoxes la Lettre pastorale suivante ; elle doit être dans toutes les églises et tous les monastères du Patriarcat.

 

Le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine au clergé et au peuple bien-aimé du Patriarcat roumain :

Grâce, Miséricorde et Paix de la part de Dieu le Père et de Jésus Christ notre Seigneur, et, de notre part, bénédiction épiscopale !

 

Bien-aimé fils spirituels,

 

Gloire, honneur et action de grâce reviennent à la très sainte Trinité pour tous ses bienfaits, visibles et invisibles, à notre égard, et pour toute la joie avec laquelle nous nous réjouissons de vous, bien-aimés fils spirituels, en raison de votre constance dans la foi orthodoxe : en la gardant avec force, vous jouirez du Salut.

Vous savez tous que, en vue des saintes Pâques, nous nous préparons avec intensité par la prière et le jeûne. Pendant quarante jours et quarante nuits, Moïse et Elie, dans l’ancien Testament, ont jeûné, avant de rencontrer le Seigneur sur la montagne. Jeûna également notre Seigneur Jésus Christ : pour nous les humains et pour notre Salut, Il descendit des cieux et se fit chair, nous enseignant que le mal qui est dans le monde et les persécutions du diable ne peuvent être vaincus que par la prière et le jeûne. Quelle honte pour le diable et quel bien pour le monde si les humains avaient pris au sérieux cette parole ! Aussi, nous également, nous tous, prions et jeûnons avec zèle pendant  ce temps du Grand Carême ! Ce n’est qu’ainsi que nous jouirons de la rencontre avec le Seigneur dans la nuit sainte de la Résurrection ; ce n’est qu’ainsi que nous contribuerons au changement du monde, ayant commencé par nous-mêmes.

Puisque, surtout pendant le Carême, nous nous réunissons nombreux à l’église, il s’est pris l’habitude que chaque dimanche nous fêtions un événement particullier. Aujourd’hui nous rendons hommage aux saintes icônes et à ceux qui qui souffrirent pour elles au 8ème siècle, alors qu’une persécution indescriptible se déchaînait contre eux. Dimanche prochain nous ferons l’éloge des saints ermites hésychastes ; ils gardèrent au 14ème siècle l’enseignement orthodoxe de la prière, seule à nous procurer la tranquillité (en grec « hésychia » signifie tranquillité), par l’union à Dieu. Au milieu du Carême, nous nous prosternerons devant la sainte Croix : elle nous rappelle le Sacrifice du Seigneur et nous enseigne que c’est, non par l’amour de soi, mais par le sacrifice de soi, que l’on vainc le péché et la mort. Seulement là où est la Croix, est la Résurrection ! Sans la Croix, il n’est pas de Salut ! Ensuite, nous apprendrons, par deux exemples différents, comment sanctifier notre vie : soyons justes et purs, comme saint Jean Climaque, ou bien convertissons-nous avec sincérité et ferveur, si nous avons péché, comme saint Marie l’Egyptienne, dont nous entendrons la vie dans la vigile du grand Canon.

 

Fidèles confesseurs de la vraie foi,

Aujourd’hui, nous honorons donc les saintes icônes. Que signifie le mot « icône » ? Dans la sainte Ecriture, nous lisons que, lors de la création de l’être humain, Dieu en son Conseil a dit : « Faisons l’être humain à notre image et pour notre ressemblance... » Et Dieu a fait l’être humain à son image, c’est-à-dire selon son « icône », car icône signifie image, et l’icône (l’image) de Dieu, selon laquelle Il a fait l’Homme, est son mode d’être à lui-même, Dieu : Un en nature, Trois par les Personnes – le Père, le Fils et l’Esprit saint, en communion totale d’amour et de vie. Cette icône – l’icône de la sainte Trinité – ne peut être l’objet d’une compréhenson intellectuelle, d’une description ou d’une représentation ; l’Homme lui-même était censé la montrer par sa vie, comme dans un miroir, dans la mesure de son union et de sa ressemblance progressive à Dieu.

 

Ce qui a été préféré à l’icône de la Trinité en l’Homme, en conséquence du péché, nous le connaissons malheureusement tous : au lieu de l’unité, une division permanente ; au lieu d’une multitude de personnes en communion, des individus égoïstes, chacun luttant pour son intérêt. L’exil de l’Homme loin du Paradis, sur lequel nous avons versé des larmes dimanche dernier, n’était pas tellement une punition donnée par Dieu, que le choix personnel de l’Homme de s’éloigner de son icône, de ne plus refléter la Trinité, en s’abaissant jusqu’à la vie des animaux sans raison, comme dit le Psalmiste : L’homme, quand il était dans l’honneur, n’a pas compris, il s’est mis au rang des animaux sans raison et il leur est devenu semblable (Ps.48, 13). Ainsi comprenons-nous pour quelle raison Dieu a interdit, dans l’ancienne Loi, toute représentation et toute icône ou image : c’est que l’esprit déformé de l’être humain et sa vie pécheresse ne pouvaient plus refléter Dieu en une juste image.

Mais Dieu, dans son amour, a cherché par tous les moyens la restauration de l’Homme ; et Il a envoyé son propre Fils, l’Unique Engendré, notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Icône du Père, comme le dit l’apôtre Paul. Il a restauré l’Homme en lui-même, en l’unissant à Dieu. En le voyant, tous les hommes de bien se sont réjouis : les mages, les bergers, les justes et les prophètes, Jean le Baptiste et la Mère de Dieu. Et les Apôtres, quand ils firent sa rencontre – comme le dit l’évangile de ce jour -, ne purent s’empêcher de crier de joie : Viens et vois ! Viens et vois la douce et humble image de Dieu, l’Icône parfaite de l’Homme ! Comment nous réjouir, nous aussi, en voyant son image pure, de laquelle nous languissons tous ? Nous lui avons chanté aujourd’hui : Devant ton Icône très pure, nous prosternons, ô Dieu de Bonté... !

Toutefois, comme nous le savons, tous ne se réjouirent pas de Jésus. Les uns cherchèrent au moins à le tuer, d’autres le crucifièrent parce qu’Il les gênait ou bien le tourmentèrent. Au 8ème siècle, il y en eut qui voulaient détruire sauvagement les icônes, et qui persécutèrent et tuèrent beaucoup de croyants, surtout des moines. Mais ils se sont dissipés comme la fumée lors du 7ème Concile oecuménique (767) et lors de la grande assemblée de Constantinople du 11 mars 843, le premier dimanche de Carême : il fut alors proclamé de façon définitive la doctrine de l’icône et de la foi orthodoxe en général. Depuis lors, nous célébrons ce Dimanche de l’Orthodoxie en portant les saintes icônes en procession et, en certains lieux, en lisant également l’acte solennel de 843, le Synodikon de l’Orthodoxie, qui rend hommage aux saints confesseurs et qui anathématise les hérétiques.

Ceux qui – s’appelant « chrétiens » - luttent encore aujourd’hui contre les icônes, soit en les méprisant, soit en les ignorant, montrent qu’ils ne croient pas en l’incarnation du Fils de Dieu et qu’ils vivent selon le « vieil homme », comme si le Christ n’était pas venu et comme si on ne l’avait pas vu : et, donc, ils ne le suivent pas. Ils méprisent également les saints et la Mère de Dieu, qui ont vénéré le Christ et l’ont reçu en eux-mêmes, et se sont sanctifiés dans l’Esprit saint demeurant éternellement en eux, désigné par l’auréole des saints, qui ne manquent sur aucune icône. Qui n’a pas les icônes s’écarte de tous ceux-ci et de la sainteté de leur vie !  

Nous toutefois, vénérons avec piété les saintes icônes ; prosternons-nous, non pas devant le bois et la matière, mais devant le Christ lui-même et devant les saints qui portent éternellement le Christ. Ainsi, nous nous emplissons, nous aussi, du saint Esprit, et nous nous sanctifions en communion avec le Christ et ses saints.

Il est encore une icône en péril : l’icône de Jésus que chacun porte en soi depuis le baptême... A l’encontre de cette icône se mène aujourd’hui une lutte plus hostile qu’autrefois contre les saintes icônes. Ne la détruisons pas, comme le firent les iconoclastes des temps anciens, mais prenons-en soin attentivement, en prenant exemple sur les saints, avec l’aide du saint Esprit, qui habite en nous. Car la vénération des icônes doit concorder avec notre vie dans le Christ. Les icônes elles-mêmes, par la « perspective inverse » dans laquelle elles sont écrites, nous demandent de l’attention. Regardez avec attention les images du Sauveur, de la Mère de Dieu et des saints sur les icônes et sur les objets : l’évangile, les bâtiments de la ville de Jérusalem... Leurs lignes, au lieu de se diriger vers un horizon lointain, comme dans d’habituels tableaux, viennent vers celui qui les regarde, comme pour nous demander : mon icône en toi, comment la vénères-tu ? Viens et vois mon icône et reflète-la en toi !

 

Bien-aimés Frères et Soeurs dans le Christ Seigneur,

Depuis deux dimanches, nous avons entendu que le Jugement dernier de Dieu sera comme une icône : quand nous regarderons vers elle – c’est-à-dire vers le Christ -, elle réfléchira en nous, sans détours, la mesure dans laquelle nous l’aurons vénérée en nous et dans le prochain. Car, en proportion de l’amour que nous avons pour le Christ qui est en nous, nous voyons le Christ également dans notre prochain, créé à l’image de Dieu. C’est ce que signifie le commandement : aime ton prochain comme toi-même, que Zachée le Publicain a si bien compris, en partageant la moitié de ses biens avec les pauvres et entendant la parole – « aujourd’hui cette maison a reçu le Salut ». Or, hélas ! combient de pauvres nous entourent aujourd’hui ! Combien d’images déformées par le péché et les passions, par le ravage actuel des drogues et de la prostitution, de l’incroyance et de l’indifférentisme, dont une main secourable attend qu’elles retournent à la maison, chez notre Père, comme le Fils Prodigue !

Pour toutes ces raisons, nous avons pris, nous aussi, l’habitude, en ce dimanche où nous honorons les saintes icônes, d’organiser une collecte au niveau du Patriarcat tout entier, par souci pour l’icône de l’âme de notre prochain le plus abandonné. Cette collecte restera ouverte également le dimanche suivant, pour ceux qui n’auraient pas été au courant ou qui ne sont pas préparés aujourd’hui. Le Fonds Central Missionnaire ainsi réuni aide année après année les diocèses de notre Eglise et ses établissements de bienfaisance à répondre aux besoins les plus urgents d’asile, de nourriture et de vêtement ; au soin des personnes âgées ou des enfants abandonnés, des malades, des souffrants, des handicapés ; à la visite de ceux qui sont prisonniers ou asservis aux passions ; aux soucis des paroisses pauvres ou des diocèses qui se trouvent à l’Etranger, et qui tentent de toutes leurs forces de répondre aux besoins de nos Frères dispersés dans le monde.

Ce don montre, également, la communion entre nous – ce que vous aurez en trop compensera ce qu’ils ont en moins... et cela fera l’égalité, dit l’apôtre Paul – et notre foi authentique dans le Christ, qui nous commande : aimez-vous les uns les autres ; à cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples. Lui-même nous a aimés le premier et s’est offert lui-même pour nous ; et Il partage dans chaque célébration de la divine liturgie ce qu’Il a de plus précieux, son Corps très pur et son Sang très précieux, dont nous avons tous besoin, pauvres dans l’Esprit que nous sommes. Il le dit : si vous ne mangez pas mon Corps et si vous ne buvez pas mon Sang, vous n’aurez pas en vous la Vie. Ressemblons donc au Christ ! Partageons nous aussi avec les pauvres et les nécessiteux, par cette collecte de l’Eglise. Où que nous voyions notre prochain dans le besoin, aidons-le suivant nos possibilités, comme image de Dieu.

Mais ayons tout autant soin de l’image du Christ en nous-mêmes, surtout pendant ce Carême, la purifiant par la confession et la nourrissant par la sainte communion. En faisant de la sorte, nous serons remplis nous aussi de la joie mystique des Apôtres et nous témoignerons avec eux : Viens et vois l’icône du Christ, à laquelle tu aspires ! Viens et vois son image en toi, le don le plus précieux ! Viens et vois le Christ dans le prochain, ta vocation ! Et, à la Résurrection, nous ajouterons : Viens et vois les cieux qui s’ouvrent et l’Homme de retour au Paradis ! Viens et vois la Mère de Dieu et tous les saints qui nous appellent d’une tendre voix : Venez prendre la lumière ! Que la Lumière du Christ illumine notre vie à tous !

 

Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père, et la communion du saint Esprit soit avec vous tous !

 

Le président du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine, le patriarche Daniel, tous les métropolites et archevêques, et tous les évêques du Saint-Synode, Bucarest, le 16 fév
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