Le carême des Apôtres vient à la suite de la Pentecôte. Mais il faudrait peut-être donner aussi l'explication liturgique.

Publié le par Père Jean-Pierre

Notes du hiéromoine Arsène (monastère de La Malvialle).

 

Le carême des Apôtres vient à la suite de la Pentecôte. Mais il faudrait peut-être donner aussi l'explication liturgique.

 

Nous savons que le fruits de l'Esprit est: "amour, joie, paix, longanimité, noblesse, bonté, foi, douceur, abstinence, pureté" (Galatiens 5).

Or, après la Descente de l'Esprit saint beaucoup croivent Le recevoir et agir en son nom !  Et beaucoup manifestent naturellement les fruits, mais ils s'arrêtent aux seuls premiers. C'est pour cela que en dernier saint Paul dit "abstinence et pureté", car celles-ci scellent les vrais fruits de l'Esprit, c-à-d sont la preuve de la vérité des premiers (amour, joie, paix etc). Donc la période de carême après la semaine de Pentecôte, c'est un examen de vérification si nous avons les bons fruits, si nous avons reçu le bon Esprit, car il y en a d'autres esprits aussi (1 Jean 4,1). Si on ne peut pas s'abstenir et vivre en pureté, c'est qu'un autre esprit agit en nous. Voilà la raison liturgique et biblique de ce carême. 

Et ce n'est pas par hasard que les gens qui ont reclamé parfois le renouveau de l'Eglise (réforme...), ont paradoxalement beaucoup parlé de l'Esprit, mais toujours ignoré le carême, comme en Occident du 2eme millénaire. C'était un autre esprit...

 

Quant à l'origine historique exacte, je n'ai pas ici de livres précis, mais seulement les notes des Constitutions apostoliques et d'Egerie que je cite ci-dessous.

 

Après la Descente du Saint-Esprit, beaucoup croyaient l'avoir reçu et agir en son nom ! Mais les apôtres nous mettent en garde qu'il y a plusieurs esprits et qu'il faut les éprouver (1 Jn 4,1). Saint Paul précise les "signes" véritables de l'Esprit saint, le "fruit de l'Esprit est: amour, joie, paix, longanimité, noblesse, bonté, foi, douceur, abstinence, pureté" (Gal 5,22-23). Cette liste est donc scellés par l'abstinence et la pureté qui deviennent le temoin et la preuve incontestables de tous les autres fruits. D'où l'importance du jeûne (carême) pour manifester la véritable présence de l'Esprit.

 

C'est le sens du jeûne de Jésus après son Epiphanie, et du jeûne de l'Eglise primitive après son épiphanie, la Pentecôte (les "Constitutions Apostoliques" V,20,14, à la fin du 4e s., témoignent d'une semaine de carême après la semaine/octave de joie après la Pentecôte). 

 

Mais, au contraire, c'est l'histoire malheureux d'Adam avoir déjeûné par obéissance à un autre esprit, et raté le Paradis ; et également de tous ceux qui, tout au long du chemin de l'Eglise, ont cru et croivent encore de nos jours posséder l'Esprit saint (parce qu'ils ont un peu d'amour, de joie, de paix... etc.), mais dédaignent le jeûne/carême ; ceux-ci démontrent obéir à un autre esprit qui les égare de la communion de l'Eglise et de la véritable connaissance spirituelle. 

 

Plus tard encore, le carême fut lié à la grande fête des apôtres Pierre et Paul qu'est devenue la fête patronale de Rome (29 juin), et donc prolongé jusqu'au 28 juin. Ceci n'était pas perçu comme démesuré à l'époque, car les gens étaient habitués à jeûner tout au long de l'année du lundi au vendredi. Egerie témoigne, dans son "Journal de voyage" (toujours à la fin du 4e s., cf. Sources chrétiennes 21, p.253), qu'à Jérusalem on reprenait le jeûne après la Pentecôte "comme d'habitude toute l'année, chacun dans la mesure où il le peut, excepté le samedi et le dimanche".     

 

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