Radieuse Semaine

Publié le par Père Jean-Pierre

P. Benigsen: Lundi Radieux

 

 
Par Sa mort Il a vaincu la mort.
Archiprêtre George Benigsen
"Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication ne rime à rien, votre foi ne rime à rien" (1 Co 15,14). Voilà comment l'Apôtre Paul, dans son épître à la jeune Église à Corinthe, place le fait de la Résurrection du Christ d'entre les morts comme le fondement même de la prédication évangélique, le fondement même de toute notre Foi Chrétienne. Ce que certains ont tendance à considérer comme un "mythe" ou une "invention", l'Apôtre l'affirme comme un fait inébranlable, sans lequel et la Foi et l'Église deviennent les inventions de l'imagination humaine. Ce témoignage apostolique, qui est sacré pour nous, est précédé dans la même épître par les paroles suivantes : "Le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures; Il a été enseveli; Il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures" (1 Co 15,3-4). Ces mots, "conformément aux Écritures", servent de documentation apostolique, comme nous dirions aujourd'hui : les pièces justificatives historiques du fait de la mort du Christ, de Sa mise au tombeau, de Sa Résurrection d'entre les morts. Le premier Concile Oecuménique a utilisé ce témoignage dans le texte du Credo, le Symbole de la Foi, que nous répétons si souvent et si consciencieusement au cours de nos Offices et dans nos prières personnelles. Nous affirmons la Foi en Christ, "Qui a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, Qui est ressuscité le troisième jour selon les Écritures."
"Écritures", c'est cette chaîne de promesses divines vétéro-testamentaires, de foi humaine, de juste aspiration, de vision prophétique, qui relie ensemble toute l'histoire de l'humanité dans l'Ancien Testament, depuis Adam et Eve jusqu'à la venue du Christ en ce monde. Le Christ Qui, par un autre témoignage du même Apôtre, "a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification" (Rom. 4,25). Christ Qui revient en ce monde, mais ne paraîtra plus sous cette image d'humilité sous laquelle Il S'était incarné dans l'étable de Bethléem, mais "qui revient en gloire juger les vivants et les morts, et dont le règne n'aura pas de fin."

C'est pour cela qu'une telle grande joie, Foi, attente et espérance remplissent notre célébration de la radieuse Résurrection du Christ. C'est pourquoi le 7ème jour de la semaine est dédié par l'Église à la plénitude de la joie Pascale. Toute notre Foi, tout notre culte liturgique, sont fondés sur cette joie du jour de la Résurrection du Christ d'entre les morts, et ce depuis toujours et aujourd'hui encore. C'est précisément cette Foi Pascale, cette joie Pascale, qui se trouva aux lèvres du premier martyr Chrétien, le Disciple et Diacre Étienne, quand soumis au tir roulant de la pluie de pierres que lui lançaient ses meurtriers, "rempli de l'Esprit-Saint, les yeux fixés au ciel, il aperçut la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu" (Actes 7,55).

Sans la Foi en la Résurrection du Christ, la sainteté est impossible. Le véritable témoignage Chrétien est impossible, le martyr pour le Christ est impossible. Ce martyre sur le sang duquel l'Église du Christ fut bâtie [*] depuis les tous premiers siècles du Christianisme, et jusqu'aux très récentes victoires de l'Église en Russie au cours des dernières décennies de son existence millénaire.

"Le Christ est Ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort." Cela fait déjà des siècles que cette hymne victorieuse, l'hymne du triomphe et de la victoire de la vie sur la mort, résonne sous les dômes de nos églises. Il tonne sous les dômes de nos cathédrales, il fait victorieusement vibrer nos églises de villes et les modestes églises de villages. Il résonne dans les coeurs des fidèles comme il résonnait dans les catacombes de l'empire de Rome aux premiers jours du martyre Chrétien; et ainsi aussi résonne-t'il de manière contenue dans les catacombes contemporaines de la Foi persécutée : dans les prisons, les camps, les cellules isolées. Il n'a jamais pu être réduit au silence et comme toujours, il résonne d'une manière toute victorieuse dans le coeur qui croit.

"Le Christ est Ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie."
"O mort, où est ton aiguillon? O mort, où est ta victoire?" Ce défi a été lancé à la mort et à l'Hadès par ce grand père de l'Église, saint Jean Chrysostome, au 4ème siècle. Les paroles que nous entendons lors de chaque nuit de Pâques, qui sont lues dans toutes nos églises, sont les paroles de son sermon de Pâques. Quel que soit le progrès que les esprits détachés de Dieu puissent annoncer, quels que soient ces royaumes de liberté, d'égalité et de fraternité qu'ils puissent promettre pour le futur de l'humanité, la fin logique résultant de toutes ces promesses est un renforcement constant de l'enfer sur terre. Et l'existence personnelle s'achève avec l'unique fait de notre vie auquel nous ne puissions échapper, une mort vide de sens et complètement injustifiable. Une mort qui ne peut trouver sa justification que dans cela "par Sa mort, Il a vaincu la mort." Dans cette mort du Christ, "à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie." Dans cette mort du Christ qui ouvre à tous ceux qui croient les portes du Royaume des Cieux, "Royaume qui n'aura pas de fin."

Chers amis, le Christ est Ressuscité! Puisse la Lumière de Sa Résurrection briller dans votre coeur, demeurer dans votre vie, et vous apporter la liberté et la nouvelle vie dans notre sainte Église.
Amen.

Diffusé en russe vers la Russie sur Radio Liberty, Pâques 1988, année du millénaire du Baptême de la Russie.

[*]
note traducteur : "sang des martyrs, semence de l'Église" -
cfr "Apologétique" de Tertullien, L, 12, tout en bas de la page:
http://www.tertullian.org/french/apologeticum.htm

Publié dans Théologie

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