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Le Lectorat

Publié le par Père Jean-Pierre

devenir un bon lecteur

lecteurQuelques explications à l'intention d'un jeune qui aimerait beaucoup devenir lecteur dans l'ÉGLISE.
Extraits de Le lectorat, un ministère vital par le diacre Sergius Halvorsen.

Tâche du lecteur
La tâche du lecteur est de psalmodier les textes bibliques : les Actes des Apôtres ou les épîtres lors de la Divine Liturgie ; les lectures de l’Ancien Testament lors des Vêpres de certaines fêtes ; en certaines occasions, le Cantique de Siméon (Luc 2, 29-32) et la prière dominicale (Matthieu 6, 9-13) ; et lors des offices quotidiens, des extraits des Psaumes. En fait, à part les courts textes du Trisagion ou le « Gloire au Père… maintenant et toujours… » qui terminent les lectures du Psautier, le lecteur est fondamentalement un lecteur des Saintes Écritures.
Ceci ne doit pas surprendre, puisque le culte liturgique orthodoxe est biblique avant tout. Non seulement les offices sont eux-mêmes principalement composés de textes provenant directement de la Bible, mais l’année liturgique est également basée sur les Saintes Écritures.

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Principes de la lecture
La beauté et l’intelligibilité sont les deux principes qui régissent le culte orthodoxe.
  • Lire avant de lire
La plupart des langues occidentales sont très indulgentes pour le lecteur, en ce sens qu’une connaissance pratique de la phonétique suffira pour la prononciation. Le lecteur fait face à une plus grande difficulté s’il doit psalmodier un texte en arabe, par exemple. L’écriture arabe ne comporte pas de voyelles, seulement des consonnes, si bien que le lecteur doit pratiquement avoir mémorisé le texte à lire avant même de prononcer un seul son. Même si le français ou l’anglais ne sont pas toujours prévisibles en termes de prononciation, ces langues peuvent induire les lecteurs en tentation. Les lecteurs qui psalmodient en français ou en anglais peuvent supposer que du moment où ils peuvent prononcer tous les mots qu’ils voient, ils seront capables de lire le texte d’une manière belle et intelligible. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas.
En règle générale, les épîtres figurent parmi les textes les plus difficiles, sinon les plus difficiles qui soient lus lors de la Liturgie. C’est notamment parce que, à la différence des Actes des Apôtres et des quatre Évangiles, les épîtres ne sont pas des récits.

  • Planifier la psalmodie
Une fois que le lecteur a étudié le texte et qu’il en a retiré le sens, il doit établir un plan pour la psalmodie du texte.
Le texte biblique est chanté sur une mélodie très simple, la plupart du temps sur la même note, et qui baisse ou monte d’une ou deux notes à l’occasion. La complexité de la psalmodie peut varier considérablement : certaines traditions liturgiques ont recours à des mélodies et à des cadences très élaborées. La psalmodie des textes bibliques permet à toute l’assemblée d’entendre les mots du texte.
Le rythme est également exprimé à l’intérieur de la phrase par l’accent relatif sur des mots individuels. Si ce rythme n’est pas respecté, les mots peuvent devenir incompréhensibles.

Dans la tradition slave, il existe un type de mélodie psalmodique qui débute dans une tonalité très grave et qui monte graduellement, pour conclure dans une tonalité très aiguë, avec une cadence simple. Cette mélodie est exactement la même pour toutes les lectures, peu importe leur longueur. Elle est particulièrement dramatique, surtout lorsque le lecteur ou le diacre possède un grand registre vocal. Ce style de psalmodie est décrit comme « montant de la tombe ». Le problème inhérent à cette mélodie est qu’elle va presque certainement déformer le rythme naturel du texte. Cette mélodie « suppose » que le point culminant de toute lecture biblique sur le plan narratif ou rhétorique se trouve à la toute fin, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Souvent, le point culminant narratif d’un texte se situera vers le milieu, comme c’est le cas de la lecture de Pentecôte. Dans le texte précédemment cité de l’Épître aux Romains, il y a une emphase rhétorique au milieu, et au moins deux autres dans la seconde moitié. Il est clair que ces deux textes requièrent des mélodies de psalmodie suffisamment flexibles pour respecter les différentes formes de rythme contenues dans le texte.
  • L’importance des finales
Pour bien psalmodier un texte biblique, il faut toujours inclure une cadence finale. L’interprétation de cette cadence variera selon les traditions ; la cadence est toutefois essentielle pour informer l’auditoire de la fin de la lecture. C’est une erreur répandue d’omettre la cadence, si bien que la lecture semble se buter contre un mur et s’arrêter net.
Une autre difficulté se présente lorsque deux ou plusieurs lectures des épîtres sont prévues à l’office du jour. Si tel est le cas, le lecteur devrait attendre à la fin de la dernière lecture pour psalmodier la cadence finale, afin d’éviter toute ambiguïté concernant la fin des lectures.
  • Le débit
Le lecteur débutant sera presque toujours tenté de lire trop rapidement. Par conséquent, si la lecture semble prendre trop de temps, c’est probablement qu’elle se déroule à peu près au bon rythme.
  • La diction
Les consonnes représentent une composante importante de la lecture liturgique ; si le lecteur veille à ce que toutes les consonnes soient en place, les voyelles couleront normalement. Le lecteur devrait faire spécialement attention aux mots qui se terminent par des consonnes. Des mots tels que « Seigneur » ou « livre » risquent de ressembler à « saigne » ou « live ».
Le lecteur devrait aussi se rappeler que la diction correcte requiert beaucoup de mouvements de la bouche : on ne peut pas prononcer les mots correctement en gardant la bouche molle.
  • Le volume et le ton
Si le lecteur lit trop faiblement, on ne pourra pas l’entendre ; s’il lit trop fort, le volume sera dérangeant.
  • S’ajuster au ton du célébrant
Il n’est pas contre-indiqué de changer de tonalité une fois la lecture commencée, car il n’y a rien de plus pénible que d’écouter un lecteur grogner ou hurler, simplement parce qu’il ou elle ne veut pas s’arrêter pour trouver la tonalité appropriée.
  • Déplacements et présentation
Avant de prononcer un seul mot, dans certaines traditions orthodoxes, le lecteur fait une procession vers le devant de l’église et traverse parfois le sanctuaire afin de recevoir une bénédiction du prêtre officiant ou de l’évêque. Peu de lecteurs considèrent qu’il s’agit d’une procession, mais cela ne l’est pas moins que le déplacement du diacre depuis le sanctuaire jusqu’au milieu de l’église (dans la pratique slave) pour lire l’Évangile. Ainsi, le lecteur devrait se déplacer sans hésitation, peut-être en tenant le livre bien en vue, de la même manière que le diacre ou le prêtre portant l’Évangéliaire en procession.
Le livre utilisé par le lecteur devrait être aussi attrayant que possible. Il ne devrait pas être rempli de notes adhésives multicolores sortant de ses pages. Le livre ne devrait pas non plus avoir le dos brisé ou la couverture déchirée. Tout comme l’Évangéliaire est conservé sur l’autel, le livre utilisé par le lecteur devrait refléter physiquement l’importance du texte qu’il renferme. Idéalement, ce devrait être le livre de L’Apôtre spécialement conçu à cette fin.
  • Être à l’écoute
Personne ne naît lecteur ; les lecteurs sont choisis, formés et tonsurés, dans la plupart des cas. S’ils doivent accomplir leur ministère à la gloire de Dieu, ils devront pratiquer et rechercher des commentaires constructifs auprès de ceux qui les entendent lire. Le lecteur débutant devrait demander de telles questions au prêtre, au chef de chœur, et même à quelques membres de la communauté, afin de faire des progrès et de lire avec plus de compétence. Il est même souhaitable que le lecteur expérimenté demande les mêmes questions à l’occasion, simplement pour s’assurer qu’il ou elle n’a pas développé de mauvaises habitudes au fil des années.
Dès que l’on devient satisfait de soi par rapport à son exécution, il est probable que celle-ci en souffrira. Mais si l’on demeure vigilant dans l’accomplissement du ministère vital du lectorat, avec l’aide de Dieu, il nous sera possible de proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à la gloire de Dieu.

La version anglaise originale de cet article est parue dans la revue PSALM Notes, vol. 6, n° 2, printemps 2002, p. 1-7. Traduit et adapté de l’anglais par Denis Lessard.

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