La conversion

Publié le par Père Jean-Pierre



Par saint Nikodemos l'Hagiorite

Qu'est-ce que la conversion [ou le repentir]?

Mon frère pécheur, c'est la préparation que tu dois entreprendre avant que tu te repentes et vienne à la confession.

Sache d'abord que la conversion, d'après saint Jean Damascène, c'est revenir du démon à Dieu, et ça ne vient que dans la douleur et l'ascèse [25]. Dès lors toi aussi, mon bien-aimé, si tu veux convenablement te repentir, tu dois quitter le démon et les oeuvres diaboliques et revenir à Dieu et à la vie propre à Dieu. Tu dois abandonner le péché, qui est contre nature, et revenir à la vertu, qui est conforme à la nature. Tu dois tant haïr le mal que tu puisses dire avec David "Je hais le mal, je le déteste" (Ps 118,163), et au lieu du mal, tu dois aimer si fort le bien et les Commandements du Seigneur que tu puisse dire aussi avec David "mais j'aime Ta Loi" (idem), et aussi : "C'est pourquoi j'aime tes commandements plus que l'or, même l'or le plus fin" (Ps 118,127). En bref, le Saint Esprit t'informe à travers le sage Sirach ce qu'est en fait la véritable conversion, en disant : "Tourne-toi vers le Seigneur, quitte tes péchés; Reviens au Seigneur, détourne-toi de ton injustice, et déteste ce qui Lui fait horreur" (Sir. 17,21-23) [26].


Les aspects de la conversion

Ensuite, sache que les aspects de la conversion sont au nombre de 3: contrition, confession, et réparation. [27]

Contrition

La contrition, c'est la peine et le parfait regret du coeur [28], qui survient chez une personne qui, du fait des péchés commis, a déçu Dieu et transgressé Sa Loi divine. Cette contrition n'arrive qu'au parfait et à ceux qui sont enfants de Dieu, parce qu'elle ne procède que de l'amour pour Dieu, de même qu'un fils se repent simplement parce qu'il a déçu son père, non pas parce qu'il a été privé de son héritage ou parce qu'il sera chassé hors du domicile paternel. A cet égard, le divin Chrysostome disait : "Gémissez sur votre Péché, non pas à causé des peines que vous avez encourues; ces peines ne sont rien; mais parce que vous avez offensé Dieu; un Dieu si bon, si plein d'amour pour vous, si désireux de votre Salut, Qui n'a pas craint d'immoler Son Fils pour vous. Gémissez donc et ne cessez point de gémir" [29].

Affliction

L'affliction est en relation avec la contrition; elle est aussi peine et regret imparfait du coeur, qui provient non pas parce qu'une personne a déçu Dieu par ses péchés, mais parce que cette personne a été privée de grâce divine, a perdu le Paradis, et mérité l'enfer. Cette affliction appartient à l'imparfait, c'est-à-dire à l'ouvrier et à l'esclave, parce qu'il ne procède pas de l'amour pour Dieu, mais de la crainte, et de l'amour pour soi-même, de même que l'ouvrier se repent parce qu'il risque de perdre son salaire, et l'esclave se repent parce qu'il craint la punition de son maître. [30]

Dès lors toi aussi, mon frère pécheur, si tu souhaite acquérir cette contrition et cette affliction dans ton coeur, et à travers elles, pour que ta conversion soit agréable à Dieu, tu dois faire ce qui suit.

Se confesser auprès d'un père spirituel expérimenté.

Tout d'abord, renseignes-toi et cherche pour savoir qui est le père spirituel le plus expérimenté, parce que Basile le Grand dit, de même que les gens ne montrent pas leurs maladies et blessures corporelles à n'importe quel médecin, mais à un médecin expérimenté qui sait comment les soigner, de même nos péchés ne doivent pas être révélés à n'importe qui, mais à ceux qui sont capables de les soigner : "La même manière devrait être observée dans la confession des péchés que pour présenter les maladies corporelles. Puisque les hommes ne révèlent les maladies du corps non à tout le monde ou au premier venu mais à ceux qui sont expérimentés pour les soigner; ainsi la confession des péchés devrait avoir lieu en présence de ceux qui sont capables de les traités, car comme il est écrit : "Nous qui sommes les forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas" (Romains 15,1) – c'est-à-dire, les enlever par vos soins." [31]

Comment faire son examen de conscience personnel

Ensuite, de la même manière que tu t'assoirais et compterais ta monnaie après avoir accomplit une transaction commerciale, va en un lieu particulier, mon frère, et 2 ou 3 semaines avant d'aller voir le père spirituel que tu as trouvé, en particulier au début des 4 périodes de jeûne de l'année [32], assieds-toi en ce lieu de quiétude, et courbant la tête, examine ta conscience, ce que Philon le Juif appelle "éprouver la conscience", et devient "non pas un avocat, mais un juge de tes péchés", comme disait le divin Augustin. Considère, comme Ezéchias, la durée de ta vie avec regret et amertume de l'âme : "Je traîne le temps qui me reste à vivre dans l'amertume" (Isaïe 38,15). Considère aussi combien de péchés tu as commis en actes, paroles, et en y rajoutant les pensées [33] depuis que tu t'es confessé pour la dernière fois, et réfléchit avec zèle à ces choses-là afin de trouver chacun de tes péchés. Voici comment d'un côté le sage Sirach te conseille en disant : "interroge-toi toi-même avant le jugement" (Sir. 18,20), et de l'autre côté, Grégoire le Théologien dit : "Examinez-vous vous-mêmes plus que votre prochain. Compter ses actes est plus important que compter son argent. Car l'argent est sujet à la corruption, mais les actions demeurent." [34]

Et de même que les chasseurs ne sont pas satisfaits de n'avoir fait que trouver une bête dans la forêt, mais tentent par tous les moyens de la tuer, toi aussi, mon frère pécheur, tu ne dois pas te satisfaire d'avoir simplement examiné ta conscience, et d'avoir trouvé tes péchés, car cela ne te profite guère, mais lutte par tous les moyens pour tuer tes péchés par la lamentation en ton coeur, c'est-à-dire par la contrition et l'affliction. Et afin d'acquérir la contrition, considère à quel point, par tes péchés, tu as mal agit envers Dieu. Afin d'aussi acquérir l'affliction, considère à quel point tu t'es fait du tort par tes péchés.

Publié dans Pères de l'Eglise

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