Extrait conférence

Publié le par Père Jean-Pierre


Prononcé le
Dimanche du Pardon, 20 mars 1983, en la chapelle du Saint Vladimir Orthodox Theological Seminary, avant le Rite du Pardon. Transcrit d'après enregistrement sur cassette et édité. Publié avec l'approbation de Juliana Schmemann dans la "Saint Vladimir s Theological Foundation Newsletter".



Il m'est impossible d'aller au Christ sans prendre avec moi l'essentiel. Il ne s'agit pas de tout abandonner en allant au Christ; il s'agit de trouver en Lui la puissance de cette Résurrection : puissance d'unité, d'amour, de confiance, de joie, de tout cela qui, même s'il occupe quelque place dans notre vie, y est en même temps si minuscule. Il est tragique de penser que du coeur des églises, des séminaires, ce sont des complaintes qui montent au Ciel... on est fatigué, il y a toujours quelque chose qui ne va pas... Vous savez, quand je suis parfois dans mon bureau, j'ai le loisir d'admirer des gens qui inventent sans arrêt de nouvelles "tragédies".

Mais nous sommes au Christ, et le Christ est à Dieu. Et si nous savions – parce que nous ne savons que si peu de ce qui nous réunit – nous remplacerions toutes mes petites offenses par ne fut-ce qu'un petit peu de cette joie. C'est le pardon que nous voulons et demandons à Dieu de nous donner. Parce que s'il y a bien un Commandement strict dans l'Évangile, c'est bien celui-là : "Si vous pardonnez... alors votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas... alors votre Père ne vous pardonnera pas non plus.." (Mt. 6,14-15). Alors bien sûr, c'est une nécessité. Mais le MAINTENANT de tout cela, je le répète à nouveau, consiste à être horrifié de la dispersion de notre propre existence, par la mesquinerie de nos relations, par la destruction des mots, et par l'abandon de ce respect.

A présent, nous avons à nous pardonner les uns les autres, que nous ayons ou non des péchés explicites ou crimes à reprocher les uns aux autres. Cette réconciliation est une autre épiphanie de l'Église en tant que Royaume de Dieu. Nous sommes sauvés parce que nous sommes dans le Corps du Christ. Nous sommes sauvés parce que nous acceptons le monde et l'ordre essentiel de la part du Christ. Et pour finir, nous acceptons le Christ quand nous nous acceptons les uns les autres. Tout le restant est mensonge et hypocrisie.

Dès lors, pères, frères et soeurs : pardonnons-nous les uns les autres. Ne pensons pas au pourquoi. Il y a suffisamment de moments pour y penser. Posons l'acte. Maintenant, comme dans une sorte de profonde respiration, dites : "Seigneur, aide-nous à pardonner. Seigneur, renouvelle toutes ces relations." Quelle belle occasion est ici donnée à l'amour pour qu'il triomphe! Pour l'unité afin qu'elle reflète la Divine unité, et pour tout l'essentiel pour revenir comme la vie elle-même. Quelle chance! Est-ce que la réponse que nous donnons aujourd'hui est "oui" ou "non"? Allons-nous donner ce pardon? Allons-nous l'accepter avec joie? Ou est-ce quelque chose que nous ne faisons uniquement que parce que c'est prescrit par le calendrier – aujourd'hui, vous suivez, pardon; demain, on aura...? Non! C'est le moment crucial. C'est le début du Grand Carême. C'est notre "réparation" printanière, parce que la réconciliation est la puissante rénovation de ce qui est en ruine.

Alors de grâce, pour l'amour du Christ : pardonnons-nous les uns les autres. La première chose que je vous demande à tous, ma famille spirituelle, c'est de me pardonner. Imaginez toutes mes tentations de paresse, de trop vouloir éviter, et ainsi de suite. Quelle incessante défense de mes propres intérêts, santé, ou ceci ou cela.. Je sais que je n'ai même pas un gramme de ce don de soi, de cette abnégation qui est en vérité l'authentique repentance, la véritable rénovation de l'amour.
portrait-dessin du protopresbytre Alexander Schmemann

S'il vous plaît, pardonnez-moi et priez pour moi, afin que ce que je prêche, je puisse quelque part, ne fut-ce qu'un petit peu, l'intégrer et l'incarner dans ma vie.
Protopresbytre Alexander Schmemann

Prononcé le
Dimanche du Pardon, 20 mars 1983, en la chapelle du Saint Vladimir Orthodox Theological Seminary, avant le Rite du Pardon. Transcrit d'après enregistrement sur cassette et édité. Publié avec l'approbation de Juliana Schmemann dans la "Saint Vladimir s Theological Foundation Newsletter".


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