Saint Jean Cassien

Publié le par Père Elie

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   Saint Jean Cassien   

 

La date de sa naissance est diversement rapportée entre 350 et 360. Suivant Gennadius, il serait né en Scythie ( natione Scytha ), mais la confusion pourrait provenir d'un amalgame entre Scytha et le désert de Skété ( heremus Scitii ), là où il séjournera plus tard. De l'avis de beaucoup, il pourrait être né en Provence. Même incertitude et mêmes différences sur l'époque de sa mort. Suivant la légende de saint Prosper, il vivait encore en 433 ; Rivet place sa mort en 434 ou 435 ; d'autres, entre 440 et 458. Baillet et Dupin prétendent qu'il a' vécu quatre-vingt-dix-sept ans.

D'une famille certainement riche, de bonne éducation, sa première jeunesse se passa dans le monastère de Bethléhem. Entre 385 et 390, il obtint la permission d'en sortir pendant sept années, pour aller avec Germain, son ami, de quelques années son aîné, visiter les lieux saints de la Palestine et les anachorètes de la Thébaïde. Après un séjour de sept ans dans ces déserts, principalement à Skété, ils revinrent à Bethléhem, qu'ils quittèrent encore pour un deuxième voyage à Skété.

En 403, on trouve Cassien à Constantinople. Il y reçut les enseignements de saint Jean Chrysostome, qui l'ordonna diacre et lui donna un poste de confiance dans sa cathédrale, la charge des trésors. En 403, après l'exil de Chrysostome, il fut chargé par une partie du clergé de Constantinople d'aller à Rome, pour solliciter l'intercession d'Innocent Ier en faveur de l'évêque persécuté. Cassien parait s'être fixé dès lors en Occident. En 414 ou 415, il fonda à Marseille deux monastères, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes, Saint-Sauveur. Le premier est célèbre sous le nom de Saint-Victor, qu'il prit plus tard.

Selon la tradition, il aurait demandé à l'évêque de Marseille, Proculus, l'autorisation de fonder un monastère près de la grotte où reposaient les reliques de saint Lazare et de saint Victor.

Il aurait même fait construire près de cette grotte, deux églises, l'une dédiée à saint Pierre et saint Paul, l'autre à saint Jean-Baptiste. On assure que cinq mille moines y vivaient sous sa discipline.

Vous pouvez trouver une bonne étude de la vie et l'oeuvre de Cassien sur :

http://www.osb.org/lectio/cassian/prolegom.html

 

Les ouvrages qui lui appartiennent incontestablement sont :

- un traité en douze livres, De Institutis coenobiorum et de octo principalium vitiorum remediis ", écrit vers 420, à la demande de Castor, évêque d'Apt.

Comme son titre l'indique, le traité De Institutis concerne l'institution monastique. C'est un exposé de préceptes sur le costume, la nourriture, les travaux et les exercices religieux des moines. Les quatre premiers livres examinent les règles dirigeant la vie monastique, illustrée par des exemples de l'observation personnelle de l'auteur en Egypte et la Palestine; les huit livres restants sont consacrés aux huit obstacles principaux pour la perfection, rencontrés par les moines : gloutonnerie, impureté, avidité, colère, abattement, ennui (accidia), vanité et fierté. "

- vingt-quatre conférences, " Collationes patrum in Scithico eremo commorantium".

Les Collationes relatent les souvenirs du séjour de Cassien en Egypte et de ses entretiens avec les pères du désert, sur la perfection ascétique et sur les moyens d'y parvenir. Dans le premier de ces ouvrages, Cassien professe que le genre de vie des anachorètes est le seul qui permette de vaincre les vices. Du second, il semble résulter que, comme beaucoup de ses contemporains, il considérait l'état des solitaires comme plus saint encore que celui des cénobites.

Il a été composé en trois parties. Le premier volet (des Livres I-X) a été adressé à l'Évêque Léonce de Fréjus et un moine (ensuite l'évêque) nommé Helladius; le second (Livres XI-XVII), à Honorat d'Arles et Euchère de Lyon; le troisième (Livres XVIII-XXIV), "aux frères saints" Jovinian, Minervius, Leontius et Théodore. Ces deux travaux, particulièrement le dernier, ont été tenus en grande estime par ses contemporains et par plusieurs fondateurs postérieurs d'ordres religieux.

Saint Benoît a appelé les Collationes un miroir monastique ( speculum monasticum ) et avait ordonné de les lire quotidiennement. Saint Thomas d'Aquin en faisait sa lecture favorite. Les fondateurs des ordres des chartreux et des jésuites les ont tenus pareillement en grande estime. Les jansénistes eux-mêmes : Arnauld d'Andilly a emprunté aux Collationes la plupart des matériaux de son livre sur la Vie des pères du désert. Cependant, la doctrine exposée dans la troisième et la treizième partie des Collationes avait été vivement attaquée par saint Augustin et Prosper d'Aquitaine, car elle contient l'énonciation du semipélagianisme.

Au Moyen Âge, on avait l'habitude de lire les Collationes pendant le repas du soir, qui finit par s'appeler... collation !

Vous pouvez en lire la traduction intégrale ( en anglais) sur :

http://www.osb.org/lectio/cassian/conf/index.html

- " De incarnatione Domini contra Nestorium ", contre Nestorius, traité composé vers 429, à la demande de Léon Ier, alors diacre de l'église de Rome. Il semble avoir été écrit à la hâte et n'a pas, par conséquent, autant de valeur que les autres travaux de son auteur. Une grande partie consiste en preuves tirées des Ecritures saintes, de la divinité du Christ et de la considération de Marie comme Mère de Dieu. L'auteur dénonce au passage le pélagianisme, qu'il décrit comme la source d'une nouvelle hérésie, qu'il considère comme incompatible avec la doctrine de la Trinité.

D'autres oeuvres lui ont été attribuées, mais avec peu de probabilités : De Spirituali medicina monachi, Theologica confessio, De Contictu virtulumet vitiorum.

 

Quoiqu'il y ait eu des ermites et même des monastères en Occident, notamment à Ligugé, Marmoutier et Lérins en Gaule, avant la fondation des couvents de Marseille, Cassien est souvent appelé l'organisateur du monachisme en Occident. Il doit ce titre à la valeur de ses ouvrages ascétiques, qui contiennent non seulement l'apologie des monastères, mais des préceptes judicieux sur leur organisation. Il est incontestable qu'ils ont exercé une action très puissante sur le développement du régime monastique. Cassien eut beaucoup de disciples, et un certain nombre fondèrent des abbayes, comme celle de La Celle.

On signale aussi dans les oeuvres de Cassien des indices d'origénisme, à propos de la création des anges et de la nature de l'âme. Le concile romain, sous Gélase, mit tous ces livres au rang des apocryphes, les considérant comme suspects, par le décret "de recipiendis et non recipiendis libris" (début VIe siècle).

Les meilleures éditions qui en ont été faite sont celle d'Alard Gazée ( Alardus Gazaeus, Douai, 1616, 3 vol. in-8 ; Arras, 1618, in-fol.), reproduite avec des notes considérablement augmentées (Paris, 1641, in-fol.), et celle de Petschenig (Vienne, 1886-1888 ).

Jamais officiellement canonisé, Grégoire le Grand le considérait comme un saint. De même, quelques églises ont honoré Cassien comme saint Urbain V (1362-1370), qui avait été un abbé de Saint-Victor, avait les mots Saint Cassien, gravé sur la cassette d'argent qui a contenu sa tête.

À Marseille sa fête est célébrée, avec une octave, le 23 juillet, et son nom figure parmi les saints du Calendrier grec.

 

Publié dans Saints orthodoxes

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