Saint et Grand Mercredi, nous faisons mémoire de la femme pécheresse

Publié le par Père Jean-Pierre

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Le Saint et Grand Mercredi, comme nos Saints Pères nous l'ont prescrit, nous faisons mémoire de la femme pécheresse qui versa du parfum sur le Seigneur, car cela advint peu de temps avant la Passion du Sauveur.

Devançant Nicodème oignant le Christ défunt,
sur Son corps une femme a versé le parfum.

aaagrd mercrediAprès son entrée à Jérusalem, Jésus se trouvant dans la maison de Simon le lépreux, une femme s'approcha de Lui et versa sur Sa tête ce parfum de grand prix. Cette «bonne oeuvre» a trouvé place ici afin que, selon la parole du Sauveur, elle soit prêchée partout, dans le monde entier. Et d'où vient qu'elle accomplit cet exploit? C'est qu'elle remarqua la compassion du Christ et Son désir de communiquer avec tous, en particulier maintenant qu'elle Le voyait entrer dans la maison de ce lépreux, que la loi prescrivait de tenir pour impur et excluait de la communauté. La fernme pensait donc que Jésus guérirait, comme ce lépreux, également les maux de son âme. Et, alors qu'Il était à table, elle versa sur Sa tête du parfum, pour la valeur de trois cent deniers, ce qui fait soixante as, dix oboles, ou trois pièces d'argent. Les disciples lui en font reproche, et surtout Judas Iscariote. Mais le Christ la protège, pour que son bon exernple ne toume pas court. Ensuite Il fait mérnoire de Sa sépulture, réprouvant la trahison de Judas et rendant à la fernme cet honneur que partout, dans le monde entier, on redira sa bonne action.

aaaCertains pensent que cette femme est la mêrne chez tous les Evangélistes; or il n'en est pas ainsi. Chez trois d'entre eux, comme dit le divin Chrysostome, c'est la même que celle qui est appelée pécheresse; mais pas chez Jean, où il s'agit d'une autre fernme, merveilleuse et menant une vie pure, Marie, la soeur de Lazare, qui était chère au Christ, mais pas cornme courtisane repentie. L'une donc de ces Marie, alors que le Christ éiait à table, six jours avant la Pâque, dans sa maison de Béthanie, lui fit une onction de myrrhe, versant le parfum sur ses pieds et les essuyant avec ses cheveux, en employant un onguent très précieux, conune si elle offrait une libation à Dieu. On sait en effet que dans les sacrifices on offrait de l'huile au Seigneur, les prêtres eux-mêmes recevaient une onction de parfum; et Jacob oignit jadis une stèle pour Dieu. C'est donc comme à Dieu qu'elle offrit ce don au Maître, mais aussi en signe de convivialité fraternelle. Aucune récompense ne lui est promise, tandis que Judas murmure, à cause de son avarice. L'autre, la courtisane, c"est deux jours avant la Pâque, alors que le Christ se trouve aussi à Béthanie, mais dans la maisori de Simon le lépreux, qu'elle lui veme sur la tête, au moment du repas, un parfum de grand prix, comme le racontent les Evangélistes Matthieu et Marc. Au sujet de cette courtisane, les disciples s'indignent aussi, prévoyant sûrement ce que le Christ lui réserve dans sa miséricorde. Et Il lui accorde une récornpense: sa bonne action sera glorifiée partout, dans le monde entier. Les uns pensent donc que c'est la même, tandis que Jean à la bouche d'or parle de deux femmes. Il en est mêrne pour qui elles étaient trois: les deux précédentes, qui apparaissent alors qu'approche la Passion du Christ, et avant elles une troisième, ou plutôt une prernière, qui fait cela vers le miJieu de la prédication évangélique: celle-là était courtisane et pécheresse, cHe se trouvait dans la maison non du lépreux, rnais du pharisien Sirnon, aux pieds du Christ (Il était seul, sans Ses disciples) et elle Lui verse du parfum; et, lorsque le pharisien s'indigne (lui seul, non les disciples), le Sauveur lui accorde aussi une récompense, mais c'est la rémission de ses péchés. Et cela, seul l'Evangéliste Luc le relate vers le milieu de son Evangfle (7:36), cornme nous l'avons dit. Après 1'histoire de cette pécheresse, il poursuit en disant: «Et il advint ensuite que Jésus cheminait à travers villes et villages, prêchant et annonçant la bonne nouveUe du royaume de Dieu», ce qui montre que ce n'était pas le teinps de la Passion. Il semble donc, selon les ternps et selon ceux qui le reçoivent, selon les lieux, les personnes et les maisons, et aussi d'après le mode d'onction, qu"il s'est agi de trois fernmes, dont deux étaient des pécheresses, la troisième étant Marie, la soeur de Lazare, qui menait une vie honorable. L'une des rnaisons était celle du pharisien Simon, une autre, celle de Simon le lépreux à Béthanie, une troisième, celle de Marie et Marthe, les soers de Lazare, égalernent à Béthanie, ainsi qu'on peut le déduire des faits. De même, il y a eu deux repas auxquels assistait le Christ, et tous les deux à Béthanie. Le premier, c'était six jours avant la Pâque, dans la maison de Lazare, lorsque Lazare est à table avec eux, comme le relate le fils de Zébédée en disant: «Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où se trouvait Lazare, qu'Il avait ressuscité des morts. Là, on lui offrit un repas, et Marthe servait ; Lazare était avec Lui parmi les convives. Marie, prenant une livre d'un parfum véritable et de grand prix, la versa sur les pieds de Jésus, qu'elle essuya avec ses cheveux.» Le second repas lui fut offert deux jours avant la Pâque, le Christ se trouvant de nouveau à Béthanie, mais dans la maison de Simon le lépreux, lorsqu'une pécheresse s'approcha de lui et versa un parfum de grand prix, comme le relate Saint Matthieu, puisque le Christ dit à Ses disciples: «La Pâque, vous le savez, aura lieu dans deux jours.» Et peu après Il ajoute: «Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Sirnon le lépreux, une fernme s'approcha de lui, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux, et elle le versa sur la tête de Jésus, alors qu'Il était à table.» Et Marc est en concordance avec lui, lorsqu'il dit: «La Pâque et les Azymes devaient avoir lieu dans deux jours; et, comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, une fernme vint, etc.» Ceux qui comprennent et disent que c'était la mêrne femme qui, dans les quatre Evangiles, a versé du parfum sur le Seigneur et qui pensent aussi qu'il y avait un seul et mêrne Simon, pharisien et lépreux, dont certains affirinent que c'était le père de Lazare et de ses soeurs Marie et Marthe, qu'ü y a eu un seul repas, que c'était la mêrne maison, à Béthanie, dans laquelle fut préparée en outre une pièce ganùe de coussins pour la Cène mystique, se trompent. Car ces deux repas ont eu lieu pour le Christ en dehors de Jérusalem, à Béthanie, à six et deux jours de la Pâque légale, lorsque des femmes offrirent, de façons différentes, du parfum au Christ. La Cène mystique et la pièce garnie de coussins furent préparées à Jérusalern, à l'intérieur de la ville, un jour avant la Pâque légale et les Souffrances du Christ. C'était chez un hornme inconnu, selon certains, selon d'autres, à ce qu'on dit, chez un ami intime et disciple de Jean, dans la Sainte Sion, là où les disciples se cachèrmt ensuite par peur des Juifs, où eut lieu l'attouchernent de Thomas le dimanche suivant, la descente du Saint Esprit à la Pentecôte, et où se produisirent d'autres faits mystérieux et ineffables.

aaaAinsi donc, à ce qui me sernble, Saint Jean au verbe d'or tenait pour plus certain que ces fernmes fussent au nombre de deux : l'une, comme il est dit par les trois Evangéhstes, était courtisane et pécheresse, et elle versa du parfum sur la tête du Christ; l'autre, cornme il est dit dans l'Evangile de Jean, était Marie, la soeur de Lazare, et c'est sur les pieds divins du Christ qu'elle fit son offrande et libation. Il y eut un repas à Béthanie, différent de la Cène mystique. D'ailleurs c'est manifesternent après l'histoire de cette pécheresse que le Sauveur envoie Ses disciples préparer la Pâque en leur disant: «Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui: Le Maître te fait dire: C'est chez toi que Je vais faire la Pâque avec Mes disciples.» Et aussi: «Vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau, et il vous montrera une grande pièce gamie de coussins ; faites-y pour nous les préparatifs.» «Ils s'en allèrent donc, trouvèrent tout comme Jésus le leur avait indiqué, et ils préparèrent la Pâque», assurément la Pâque légale, qui était imminente et qu'Il vint accomplir avec Ses disciples, comme dit le divin Chrysostome. Après la Cène mystique et le lavement des pieds, Il s'assoit de nouveau et Il institue notre Pâque sur la même table, ainsi que nous l'enseigne Jean à la bouche d'or. L'Evangéliste Jean et avec lui Saint Marc indiquent même la qualité du parfum, disant qu'il était véritable et de grand prix. Ils emploient le mot «pistikon», ce qui veut dire vrai, non adultéré, non dilué, d'une authentique pureté ; certains disent: une myrrhe excellente, de premier choix. Marc ajoute que, dans son empressement, la femme brisa le vase d'albâtre, comme pour aller plus vite. C'est, comrne dit Saint Epiphane, un vase en verre, fabriqué sans anses, qu"on appelle aussi «bykion». Ce parfum était composé de façon ou d'autre, mais le plus souvent de myrrhe, de fleur de cinnamome bien odorant, c'est-à-dire de cannelle aromatique, et d'huile.

Cette vie de Saints est tirée du :
"Triode de Carême", Diaconie Apostolique 1993

Publié dans synaxaire

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