VIE DE S. ALEXIS DE BORTSOURMANA ,suite et fin.

Publié le par Père Jean-Pierre

04 Mai 2008 

VIE DE S. ALEXIS DE BORTSOURMANA (1762 - 1848) (deuxième partie: fin)

commémoré le 21 avril / 4 mai

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Les propriétaires terriens de la région, et même des provinces voisines, le vénéraient pour sa sainte vie. Ils se rendaient chez lui, lui écrivaient des lettres, demandaient sa bénédiction. A peine après avoir fait sa connaissance, tous le reconnaissaient comme un grand saint, un homme de prière qui avait le don de guérison.

Voici un exemple de ces guérisons. Dans les années quarante du XIXè siècle vivait dans la ville  de Kourmycha la famille Rastriguine.Leur fille Tatienne était paralysée des deux jambes. Ayant entendu parler de las ainteté du père Alexis, les parents décidèrent de se rendre chez lui pour lui demander de prier pour l’enfant. La fillette avait alors six ans. Bien qu’ils eussent les moyens de louer des chevaux, ils décidèrent de se rendre à pied à Bortsurmana, éloignée de vingt cinq verstes, portant l’enfant sur leurs bras.Ils arrivèrent le soir chez le père Alexis qui, dès qu’il vit la fillette,l’appela par son nom, alors qu’il ne l’avait jamais vue auparavant. Il lui posa la main sur sa tête, les bénit tous et pria avec eux. Le lendemain matin, il pria à nouveau et oignit les jambes de la fillette avec de l’huile de la veilleuse qui brûlait devant l’icône. Les bénissant, il les renvoya, disant qu’il prierait pour eux. Lorsque la mère, portant sa fille, avait parcouruvingt verstes depuis Bortsourmana, la fillette demanda qu’on la laissât descendre à terre. La mère savait bien que la fillette ne pouvait point bouger,et sa demande l’attrista à ce point qu’elle pleura. Néanmoins, elle se plia au désir de sa fille. A son grand étonnement, elle vit que celle-ci, rampait et avançait. Elle la prit à nouveau et la laissa encore plusieurs fois descendre à terre suite à sa demande instante, et chaque fois, elle marchait de mieux en mieux. Finalement, arrivée à Kourmycha, la fille, tenant bien sur ses jambes, était entièrement guérie.

Un autre miracle mérite d’être mentionné. Un garçonnet de la paroisse du père Alexis mourut. Tous les villageois l’aimaient. On retarda l’enterrement d’une semaine, jusqu’à ce que se fissent sentir les premiers signes de décomposition du corps.C’est alors que l’on apporta le cercueil à l’église et que l’on commença l’office des funérailles. Le père Alexis, en raison de l’abondance de ses larmes,ne pouvait célébrer. De même, les chantres ne pouvaient chanter. Le père Alexis se tenant dans le sanctuaire face à l’Autel, les bras élevés, et clama versDieu : « Mon Dieu, mon Dieu, Tu vois que je n’ai pas la force de donner à cet enfant le dernier baiser. Ne permets pas que Ton serviteur, un vieillard, un prêtre, sorte honteux de ton église, que l’ennemi du genre humain se moque de Ton Serviteur me voyant interrompre cet office... Sois attentif aux soupirs et aux pleurs de Ton peuple, sois attentif aux souffrances du cœur desparents, sois attentif à la demande d’un vieux prêtre… Ne nous enlève pas cet enfant que Tu nous as donné pour nous corriger, pour nous raisonner, pour glorifier Ton Saint Nom… N’est-ce pas Toi, Seigneur, qui a dit que tous ce que nous Te demanderons avec foi, Tu nous l’accorderas… O Dieu Juste, nul dans cette église ne pourrait aller vers cet enfant pour lui donner le dernier baiser.. Et moi non plus, le vieillard, je n’ai pas cette force. Notre Dieu,aie pitié de nous, exauce-nous, notre Seigneur et Dieu… » Soudain, le calme revint dans le sanctuaire. Quelques instants après, le prêtre tomba à genoux et tous entendirent : « Seigneur, ressuscite cet enfant, car Tu peux tout… j’ose non pas par orgueil, mais par humilité… » Suite à cela,on entendit un cri perçant. Regardant tout autour de lui, le prêtre vit que le garçonnet était assis et regardait de tous les côtés. Le père Alexis s’agenouilla à nouveau devant l’Autel, afin de rendre grâce à Dieu pour le miracle qui s’était accompli, et ensuite, s’appuyant sur le bras du diacre,il s’approcha en silence du cercueil. Donnant la sainte Communion à l’enfant,il le remit à ses parents qui le ramenèrent à la maison. Le père Alexis demanda qu’on lui apportât une chaise au milieu de l’église et, s’étant assis, il célébra un moleben au Sauveur et lut l’acathiste à la Mère de Dieu. En raison du choc et de l’émotion, il ne pouvait plus se tenir debout, ni sortir de l’église. C’est sur cette chaise qu’on le ramena chez lui et on l’étendit sur un lit, où il resta toute la semaine. Après ce miracle, le père Alexis vécut encore trois ans, et l’enfant, six ans.

Une autre fois, on amena à Bortsurmana un possédé, en bonne santé, de grande taille, lié aux mains et aux pieds par des chaînes en acier. Ses parents et lui, séjournèrent dans une izba, non loin de la cellule du père Alexis.Alors que le possédé dormait, ses parents, outre les chaînes, le lièrent encore avec des cordes. La nuit, toute la maison fut réveillée par un bruit et des cris terribles. Le possédé avait brisé tous ses liens et c’est à grand peine que quatre personne pouvaient le maîtriser. Le matin, on le conduisit chez le père Alexis, qui l’étendit sur le sol, lui demanda de se lever, et commença à lire les prières sur lui, le bénit, puis le renvoya, demandant qu’on le lui ramenât le lendemain matin. Il sortit de là tout à fait calme, et passa une nuit tranquille. Le lendemain, le père Alexis l’étendit à nouveau sur le sol,mais ne lui lut rien cette fois. Il lui posa sur la poitrine l’icône de la Mère de Dieu de Smolensk, devant laquelle il priait toujours lui-même. Ensuite, il le bénit et le laissa partir en paix. Avant même d’avoir quitté Bortsurmana, on ôta les chaînes de cet homme, et il partit chez lui guéri.

En général, de partout on amenait fous et de possédés chez le père Alexis, et ils recouvraient la santé par ses prières.

Nombreux furent les miracles après sa mort. On posait les malades sur sa tombe, ou bien on célébrait des panyhides pour le saint, et les guérisons s’ensuivaient. En 1908,le fils de Vera Pazoukhine, Alexandre bénéficia de sa prière. Dans la ville où ils vivaient, l’adjoint du confiseur, pour se venger du cuisinier, versa dans le chocolat destiné aux bonbons un poison très violent. Il y eut beaucoup d’empoisonnements dans la ville. La famille de Vera consomma ces bonbons, mais le poison s’étant déversé en quantités inégales, seul son fils Alexandre fut atteint. Le médecin constataque l’état du garçon était désespéré, et dit qu’il viendrait le lendemain et seulement pour soutenir Véra dans son malheur. Celle-ci versa un peu de terre de la tombe du père Alexis dans de l’eau et versa le liquide dans la bouche du petit Alexandre. Le lendemain, le médecin demanda à Véra : « A quelle heure l’enfant est-il mort ? » « Il est vivant », répondit la mère. « C’est un miracle de Dieu », dit à son tour le médecin.

Dans le village de Maïdan vivait Liouba Kouzkine. Depuis sa naissance, sa vue était faible, et ses jambes ne bougeaient pas. Elle avait environ dix ans lorsque l’église de Bortsurmana fut détruite par les bolcheviques. Mais sa mère, Anastasie, ayant entendu les nombreux miracles survenus par les prières du saint, amena sa fille sur la tombe de celui-ci et chanta, comme elle le pouvait, l’office de la panykhide (le prêtre du village ayant été arrêté). Lorsqu’elle revint à la maison, la fille était guérie, elle pouvait marcher, et sa vue était corrigée.

  Après que l’église fût détruite, les miracles et les guérisons non seulement ne cessèrent point, mais se multiplièrent. Les athées tentèrent maintes fois de détruire la tombe, mais la vénération du thaumaturge dans le peuple, l’évidence même des miracles –lorsque les malades d’un cancer incurable étaient guéris – tout cela contraignit le pouvoir à céder.

  Le père Alexis était non seulement thaumaturge, mais avait également le don de clairvoyance. Une fois,Elisabeth Pazoukhine vint voir le père Alexis, car elle était sans nouvelle de son mari, parti à Moscou. Comme s’il ne l’entendait pas, le père Alexis lui dit : « N’ayez point de chagrin pour Catherine (la sœur cette femme),elle a assez souffert, il est temps qu’elle se repose ». « Pourquoi me parlez-vous de Catherine, comme d’une défunte ? Certes, sa santé est mauvaise, mais elle n’est pas morte, elle est en vie ». Le père Alexis lui répéta : « N’ayez point de chagrin pour elle, elle a beaucoup souffert, et maintenant, elle se repose ». Il s’avéra pas la suite que son mari était en vie et qu’il avait été retenu à Moscou par Catherine, qui mourut,de façon inattendue. Et elle mourut au jour et à l’heure mêmes où le père Alexis avait parlé à sa sœur.

  Une femme du nom de Pélagie Tiourine était battue par son mari. Non seulement la pauvre femme, mais tout son entourage était persuadé qu’un jour, il la tuerait. Une fois, dans un profond désespoir, elle se rendit chez le père Alexis. Priant avec elle, il la renvoya en paix, lui disant que jamais plus son mari ne la toucherait, ne serait-ce qu’avec le petit doigt. A son grand étonnement, il en fut ainsi.

A partir du 1erjanvier 1848, le père Alexis vit ses forces le quitter. Il ne lui était plus possible de célébrer les offices liturgiques, et, à sa demande, ses proches l’emmenaient à l’église. Malgré cela, il considérait comme un grand péché de ne pas recevoir ceux qui venaient à lui, et il acquiesçait à leurs demandes. Ses forces l’abandonnèrent définitivement le Grand Jeudi 1848, et, communiant aux Saints Mystères chaque jour, il acheva sa vie pleine d’épreuves. Le jour de son bienheureux trépas, il s’assit devant sa fenêtre et bénit la foule qui, sur la place, étaient venue lui faire ses adieux. Beaucoup se tenaient agenouillés,d’autres pleuraient calmement. Le père Alexis les bénit jusqu’au moment, où son bras s’abaissa pour ne plus jamais se relever. Jusqu’à ce que ses yeux se ferment, il ne cessa pas de prier pour son troupeau.

Le père Alexis fut enterré dans le jardin de l’église, contre le sanctuaire.

  Selon le prêtre deBortsourmana, il ne se passait pas un dimanche, pas une fête, où l’on ne célébrât pas de panykhide sur la tombe du père Alexis. Presque tous prenaient de la terre de sa tombe.

  Saint Séraphim de Sarov, avait une très haute estime pour les labeurs ascétiques de ce saint de Dieu. Bien qu’il ne l’eût jamais rencontré, il le connaissait bien par son don de clairvoyance et disait de lui les paroles suivantes : « Cet homme,par ses prières, est semblable à un cierge, allumé devant l’Autel de Dieu. Cet homme laborieux, bien que n’ayant point prononcé de vœux monastiques, est plus élevé que beaucoup de moines. Il est comme une étoile qui brille dans l’horizon chrétien ». Lorsque des fidèles de la région où vivait le père Alexis,venait voir le père Séraphim, il les renvoyait chez eux, les persuadant humblement qu’ils avaient leur intercesseur ardent auprès de Dieu, le prêtre du village de Bortsourmana, le père Alexis qui n’était en rien inférieur à lui, le père Séraphim.  

 

Traduction du russe et version française de Bernard Le Caro que nous remercions chaleureusement.

Bernard le Caro est l'auteur d'une excellent biographie de Saint Jean de Changhaï, publiée aux Editions l'Age d'Homme.


Jdc

 

Bernard Le CaroSaint Jean de Changhaï, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2006, 318 p. (collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle »)
Monseigneur Jean Maximovitch (1896-1966), canonisé par l’Église Russe hors-frontières en 1993 sous le nom de saint Jean de Changhaï, est aujourd’hui reconnu bien au-delà des frontières de son Église comme l’un des grands spirituels orthodoxes du siècle dernier. Pour lire l'article de M. Jean-Claude Larchet consacré à ce livre, utilisez le lien suivant:
(Cliquez sur le site ci-après, pour voir une icône de saint Alexis)  

 

   


 


 

Publié dans Saints orthodoxes

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