Le mystère de l’Ascension ,Vladimir Zielinsky

Publié le par Père Jean-Pierre

Le mystère de l’Ascension


La lumière est le langage de Dieu, mais aussi le refuge où il se cache.

« Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes»
, dit Jésus (Jn12, 32). Il part avec une promesse, enracinée dans la mémoire de son séjour sur la terre. La promesse et la mémoire s’unissent, remplissent notre temps. Un temps «évangélisé» désor­mais, comblé par une vie. Cette vie continue en nous ici et mainte­nant. Or, elle appar­tient irréversiblement au passé : la Révélation de Dieu est close dans l’histoire, fermée dans des circonstances, des mots, des événements qui ne se produiront plus.
La parole de Dieu est mise tout entière en un personnage histo­rique, dans ce qu’il a dit, dans ce qu’il a fait. Mais l’Homme de Nazareth n’habite plus à Naza­reth et ne célèbre pas la Pâque à Jérusalem. Or, sa Résurrection est célébrée sur toute la terre, et
la création entière lui sert d’ha­bitation. Nous reconnaissons Jésus dans «les plus petits de ses frères » : pauvres, torturés, tués. Son visage apparaît aussi dans les yeux de l’enfant qui vient au monde, en chaque créature appelée à la vie par l’amour du Créateur.
Cloué dans un petit coin de l’histoire humaine, Dieu se révèle partout, et sa brève exis­tence terrestre est élargie à tout ce qui passe à travers le temps. La seconde per­sonne de la Trinité vient sur terre et devient un gosse juif, le Verbe qui a créé l’univers reste la chair, mais Dieu est esprit (Jn 4, 24). Si nous n’avons pas de vertige de notre credo, c’est que nous sommes trop habitués à la coïncidence des choses incompatibles.
Entre celui qui est, qui était et qui vient (Ap 1, 8), il y a des cou­rants du temps que la pensée hu­maine ne sait traverser à la nage, mais qu’elle peut survoler par le regard. Comme les apôtres jadis, elle suit la montée de Jésus vers le haut et voit sa disparition dans l’azur. Sur le sillage du Christ qui
disparaît dans l’infini tout son temps monte vers le Royaume. Son héritage historique (paroles, actes, passion…) reste avec nous, mais devient éternel, inépuisa­ble, « royal ». Tout ce qui est irré­parablement divisé ( « Tu es sur la terre et Dieu est dans le ciel » ) se réunit pour toujours et la ligne de leur « assemblage » est trace de Jésus qui va de la mémoire à la promesse, de la vie d’ici-bas au monde qui viendra.
Or, cette trace – un signe pour nous ! – ne passe pas par la terre solide, mais se perd dans les rayons de soleil. Pour traverser ce vide de bas à haut, chacun devrait prendre son risque. La lumière est le langage de Dieu, mais aussi le refuge où il se ca­che, et le ciel limpide au-dessus de nous est tailladé par les larges vols des recherches humaines. Le mystère de l’Ascension est celui de la liberté de Dieu qui attire, et de l’homme qui répond par son regard suivi par la foi. Jésus monte et reste, meurt et ressus­cite, naît à Bethléem ou ouvre les portes de l’éternité, s’enlève de la terre pour y séjourner pour toujours. Dieu est souverain dans le ciel, mais sur la terre tu es libre.




,
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article