Les Kosovars consultent les Occidentaux sur une prochaine indépendance
Le président kosovar Fatmir Sejdiu (G) et le chef de la diplomatie européenne Javier Solana, le 20 novembre 2007 à Bruxelles
AFP/Archives - Dominique Faget
"A partir d'aujourd'hui, le Kosovo commence des consultations intenses avec ses partenaires internationaux pour coordonner les mesures en vue de la proclamation de l'indépendance", a indiqué à la presse Skender Hyseni, porte-parole des négociateurs kosovars.
Cette déclaration est intervenue après l'échec des négociations entre Kosovars albanais et Serbes, farouchement opposés à l'indépendance d'une province qu'ils considèrent comme le berceau de leur culture.
La Troïka (USA/Russie/UE), chargée de mener les négociations, avait jusqu'au 10 décembre pour trouver une solution, une date devenue symbolique dans la mesure où les leaders Kosovars l'ont considérée comme la limite à partir de laquelle ils pourraient proclamer leur indépendance.
Les leaders kosovars ont toutefois admis qu'ils ne pourraient proclamer leur indépendance qu'avec l'accord des Etats-Unis et de l'Union européenne (UE). Celui de Washington est acquis, mais l'UE est encore divisée.
Le président serbe Boris Tadic (D) et son Premier ministre Vojislav Kostunica, le 28 novembre 2007 à baden (Autriche)
AFP/archives - Dieter Nagl
Un Conseil des ministres de l'UE, réuni lundi à Bruxelles, devait être l'occasion pour les 27 de faire leur unité au moment où certains pays hésitent encore à reconnaître une déclaration unilatérale d'indépendance des Kosovars albanais.
"Il n'y aura pas d'échange Kosovo contre Europe", a toutefois déclaré à l'agence Tanjug le vice Premier ministre Bozidar Djelic, considéré comme le plus pro-européen des dirigeants serbes.
Selon certaines hypothèses, Bruxelles pourrait se montrer disposée à accélérer le processus d'intégration de la Serbie à l'Europe des 27 afin d'éviter qu'une indépendance de plus en plus probable du Kosovo ne provoque une poussée nationaliste en Serbie et éloigne le pays de la voie européenne.
La cohésion européenne sur le dossier kosovar est d'autre part d'autant plus nécessaire que l'UE devrait être appelée prochainement à prendre la relève de la Mission de l'ONU au Kosovo avec une mission civile de quelque 1.800 personnes.
M. Djelic a toutefois rappelé que son pays était opposé à ce projet. "Le processus (de définition du statut du Kosovo) appartient au Conseil de sécurité de l'ONU et à tous les pays membres de l'ONU et d'aucune manière à l'UE", a-t-il dit.
Le dossier kosovar doit être débattu le 19 décembre au Conseil de sécurité, l'occasion pour Belgrade et Moscou, qui soutient fermement son allié serbe, de demander une poursuite des négociations, les deux capitales continuant d'affirmer qu'un compromis est encore possible.
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov, le 21 novembre 2007 à Moscou
AFP/Archives - Maxim Marmur
La Russie a indiqué qu'elle s'opposerait à toute solution qui n'aurait pas l'aval de la Serbie et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rappelé lundi l'opposition de son pays à une déclaration unilatérale d'indépendance des Kosovars albanais.
Elle serait "lourde de conséquences" et provoquerait une "réaction en chaîne (...) dans les Balkans et d'autres régions du monde", a dit M. Lavrov lors d'une visite à Chypre.
A Pristina (la capitale du Kosovo) quelque 2.000 étudiants ont manifesté dans le centre de la ville pour réclamer l'indépendance immédiate. "Déclarez ! (l'indépendance)", "Que la Serbie brûle pour toujours en enfer", pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants.
"Je n'ai rien à dire (concernant la date de proclamation de l'indépendance)", a toutefois déclaré M. Hyseni à la presse. "Le Kosovo ne va certainement pas attendre pendant très longtemps parce qu'il a attendu pendant 8 ans pour clarifier son statut", a-t-il toutefois souligné.
Administré par l'ONU, le Kosovo est dans l'attente d'un statut définitif depuis la fin du conflit de 1998-1999 entre les forces serbes et les séparatistes albanais.