Kosovo

Publié le par Père Jean-Pierre

|DOSSIER
I
SAMEDI 8, DIMANCHE 9 DÉCEMBRE 2007
ILa Croix ILA PHRASE
Sœur Maria,
responsable du monastère orthodoxe de Gracanica
2
« Nous sommes le dernier rempart de l’Occident contre l’islam et nous sommes sans défense. »

 
 


Face à l’échec des pourparlers, le Kosovo a prévenu : à partir de lundi, il est prêt à déclarer unilatéralement son indépendance. Au risque de créer de nouveaux conflits dans les Balkans

L
es Balkans entrent à nou­veau dans une période de tous les dangers. Ce lundi, en effet, la « troïka » de di­plomates qui tentait de négocier un compromis sur le Kosovo aura atteint le terme de sa mission. L’Allemand Wolfgang Ischin­ger, l’Américain Frank Wisner et le Russe Alexandre Botsan­Khartchenko rendront donc leur rapport au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Et ils seront bien obligés de constater leur échec.
Dès lors, les dirigeants kosovars ont annoncé leur intention de proclamer unilatéralement leur indépendance. Au risque de pro­voquer une réaction en chaîne… Le casse-tête pour les diploma­tes se résume aujourd’hui à une question: comment faire pour que l’indépendance du Kosovo ne déclenche pas une nouvelle série de conflits dans les Balkans ?
Rappelons brièvement les don­nées du problème. Le Kosovo, province du sud de la Serbie ma­joritairement peuplée d’Albanais, veut l’indépendance. La Serbie s’y refuse. Depuis 1999, le Kosovo est sous protectorat de l’ONU. Des mois de négociations conduites d’abord par l’ancien président
finlandais Martti Ahtisaari, puis par la troïka de diplomates, n’ont pas permis d’aboutir à une solution qui ait l’aval de la Serbie. D’autant que le sujet fait partie des nouveaux contentieux entre l’Est et l’Ouest : Washington est prêt à reconnaître une indépendance immédiate du Kosovo, et Moscou n’en veut pas.
Ces mois de pourparlers ont simplement permis aux Serbes et aux Kosovars de s’accorder sur trois principes : une solution doit être trouvée sans recours à la vio­lence ; elle doit exclure toute parti­tion du Kosovo ; elle doit interdire une absorption future du Kosovo par un autre pays (l’Albanie).
Les Serbes ont proposé au Ko­sovo d’obtenir le plus haut degré d’autonomie possible, invoquant le statut de Hong Kong à l’intérieur de la Chine. Mais les Kosovars n’en veulent pas. Ils estiment que les négociations ont assez duré et le premier ministre du nouveau gouvernement kosovar en forma­tion, Hashim Thaçi, a prévenu : il n’attendra pas pour annoncer uni­latéralement l’indépendance, sitôt passé l’échéance du 10 décembre fixée par l’ONU.
Tout le travail des diplomates consiste, actuellement, à retarder de quelques semaines cette pro­
clamation. Car les pays européens sont divisés sur la question. Alle­magne, France, Grande-Bretagne sont d’accord pour reconnaître un Kosovo indépendant. Mais la Grèce, Chypre, la Slovaquie ou l’Espagne s’y refusent. Par ailleurs, la Roumanie, la Suède, l’Italie et la Hongrie se montrent réservées. En gagnant du temps, les Européens espèrent arriver à obtenir la neu­tralité de ceux qui sont réticents, de façon à permettre, demain, une gestion européenne des suites du conflit.
L’Union européenne, en effet, se­lon le plan qui avait été proposé par Martti Ahtisaari, devrait déployer au Kosovo une mission civile d’en­viron 3 000 hommes après l’indé­pendance. Cette mission devrait épauler les autorités et garantir le respect du droit des minorités. Elle devrait veiller à la construction d’un État de droit.
Il est à prévoir, cependant, que Belgrade ne restera pas sans réac­tion. La Serbie a prévu d’attaquer devant la Cour internationale de justice de La Haye tous les pays qui reconnaîtront le Kosovo. Elle peut également organiser un embargo et couper les appro­visionnements en électricité du Kosovo. Plus grave, la déclaration d’indépendance peut déclencher des manifestations aux frontières du Kosovo ou un départ massif des Serbes qui vivent encore dans la province. Et il peut également avoir des répercussions en Bosnie où la minorité serbe demande depuis des années à obtenir un droit à la sécession qui lui a été refusé, alors qu’il est aujourd’hui accordé aux Albanais de Serbie… Le Conseil de sécurité de l’ONU a déjà prévu de débattre du rapport de la « troïka » le 19 décembre. Mais ce débat ne devrait pas déboucher sur une résolution, faute d’accord des membres permanents du Conseil. Pour l’heure, la stratégie des Occidentaux consiste donc à essayer de gagner un peu de temps. Et à se préparer au pire. Au Kosovo, les effectifs de la Kfor, la force de l’Otan qui garantit la sécurité, ont été renforcés. En prévision.

ALAIN GUILLEMOLES

Pour l’heure, la stratégie des Occidentaux consiste à essayer de gagner un peu de temps.
Et à se préparer au pire.

 
 
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