Nouvelles de St Serge

Publié le par Père Jean-Pierre

 54e Semaine d’études liturgiques

La 54e semaine d’études liturgiques organisée par l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, à Paris, s’est déroulée du 25 au 28 juin 2007, sur le thème : « Confirmation et chrismation : questions autour d’un rite post-baptismal ». Vingt-cinq intervenants, venus de Belgique, de France, de Grèce, d’Italie, du Liban, de Pologne, de la République tchèque, de Roumanie, de Russie et de Suisse, parmi lesquels douze orthodoxes - le père Ioan Bizau (faculté de théologie de Cluj, Roumanie), le père Boris Bobrinskoy (Institut Saint-Serge), le père Antoine El Soury (Liban), le père Job Getcha (Institut Saint-Serge), Françoise Jeanlin (Institut Saint-Serge), Nicolas Kazarian (Institut Saint-Serge), le père Pavlos Koumarianos (Athènes), André Lossky (Institut Saint-Serge), Michel Stavrou (Institut Saint-Serge), Joost Van Rossum (Institut Saint-Serge), le père André Wade (Turin) et sœur Xenia Werner (Saint-Petersbourg) ; huit catholiques - le père Yves-Marie Blanchard (Institut Catholique de Paris), le père Paul De Clerck (Institut Catholique de Paris), Emmanuel Fritsch (communication lue en absence), le père Marco Gallo (Rome), le père Jozef Lamberts (Leuven), le père Marcel Metzger (Université de Strasbourg), le père Przemyslaw Nowakowski (Cracovie) et le père Thomas Pott (Chevetogne) ; et cinq protestants - les pasteurs Bruno Bürki (Université de Fribourg, Suisse), Laurent Gagnebin (Paris), David Holeton (Prague), Stuart Ludbrook (Colombes) et Jacques-Noël Pérès (Institut Protestant de Théologie, Paris) ont abordé différents aspects du sujet retenu cette année.

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La première partie du colloque a retracé l’histoire de la chrismation et de la confirmation. Apparue en Syrie, la chrismation était à l’origine une onction pré-baptismale avec un sens profondément christique. A la fin du quatrième siècle, autour du deuxième concile œcuménique (Constantinople, 381), une onction post-baptismale fut introduite en Orient comme l’atteste le 48 e canon du concile de Laodicée. Le 7e canon du deuxième concile œcuménique prescrit de son côté de recevoir certains hérétiques qui reviennent à l’Eglise par la chrismation. Ce canon, repris par le 95e canon du concile in Trullo a d’ailleurs esquissé trois modes de réception dans l’Eglise orthodoxe des schismatiques et des hérétiques : ceux qui étaient reçus par le baptême, ceux qui étaient chrismés et ceux que l’on admettait à la communion de l’Eglise par profession de foi et abjuration.

En Occident, dans le contexte de l’évangélisation des campagnes et l’augmentation du nombre de baptêmes d’enfants, la séparation de la confirmation de l’ensemble de l’initiation chrétienne qui était désormais administrée par le prêtre, s’explique par le désir de maintenir un lien avec l’évêque. Ceci conduira à en faire, dans la théologie scolastique au moyen âge qui s’inspirera d’une fausse décrétale du pape Melchiade, un sacrement lié à l’âge de la maturité. Ce sacrement, distinct du baptême, sera même parfois repoussé après la première communion. Ceci eu comme fâcheuse conséquence d’inverser l’ordre primitif des rites de l’initiation chrétienne.

La Réforme a quant à elle rejeté ce nouveau sacrement, distinct du baptême, comme non fondé scripturairement. Elle l’a reconnu tout au plus comme un rite ecclésiastique (tel fut le cas de Luther). Busser fut cependant un ardent défenseur de la confirmation dans le protestantisme. Paradoxalement, l’Eglise réformée de France qui a officiellement supprimé la confirmation de son enseignement continue néanmoins à la pratiquer comme rite de passage, souvent lié à la fin du catéchisme.

La deuxième partie du congrès a porté sur une enquête biblique sur les onctions d’huile, l’imposition des mains et le don de l’Esprit de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

La troisième partie du colloque s’est ensuite préoccupée des implications pastorales de la chrismation ou de la confirmation. Y ont été abordées les questions de la chrismation comme rite d’admission dans l’Eglise des chrétiens d’une autre confession et de l’âge du baptême des enfants. Furent également traitées les pratiques de consécration du saint myron à Kiev et à Moscou, de l’initiation chrétienne chez les vieux-croyants de Russie et de la chrismation dans la liturgie éthiopienne.

Enfin, la quatrième partie du congrès s’est interrogée du sens théologique donné à la confirmation et à la chrismation. Ce fut l’occasion d’exposer le point de vue protestant de Pierre Gisel, la théologie sacramentelle de Nicolas Cabasilas et l’argumentation du patriarche Jérémie II de Constantinople en dialogue avec les théologiens luthériens de Tübingen.

Cette semaine d’études liturgique, particulièrement riche par ses exposés et ses débats, a permis de revisiter l’unité des trois sacrements de l’initiation chrétienne, de discuter la question du pédobaptisme et des implications pneumatologique, christologique, ecclésiologique et anthropologique des rites de chrismation et confirmation, de s’interroger sur la notion et la nécessité éventuelle de rites de passage dans l’Eglise, et de rappeler la nécessité de se libérer de systématisations tel le septénaire scolastique. Ayant su interroger l’histoire, les interventions ont illustré que la Tradition est l’expérience vivante de l’Eglise, éclairée par l’Esprit-Saint. Le fait que dans le dialogue œcuménique tous se retrouvent dans l’initiation chrétienne indiquerait peut-être que le point essentiel de la problématique retenue cette année se trouve dans le devenir chrétien.

(JPG) En marge du congrès, ont été présentés deux nouveaux livres parus aux Presses Saint-Serge. Le quatrième volume de la collection « Analecta Sergiana » est une enquête biblique, patristique et philologique sur les prières propres aux liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile. Cet ouvrage fut d’abord présenté par l’auteur, le père Nicolas Molinier, avant que le professeur André Lossky n’indique l’utilité de cet instrument de travail. Le deuxième ouvrage présenté est la deuxième édition augmentée du livre « Pour la vie du monde » du père Alexandre Schmemann, épuisé depuis longtemps. Le fils de l’auteur, Serge Schmemann, le professeur Joost Van Rossum et le père Nicolas Ozoline ont fait part de leurs souvenirs sur l’auteur et le contexte de la rédaction de ce livre. Ces ouvrages sont en vente à la Librairie Saint-Serge. (JPG) La 55e semaine d’études liturgiques se tiendra à l’Institut Saint-Serge du 23 au 26 juin 2008.

Publié dans Liturgique

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