Pentecote

Publié le par Père Jean-Pierre

PAGE SPIRITUELLE POUR LE TEMPS DE PENTECOTE

Extraits de l'homélie 41 de saint Grégoire de Nazianze

" Le séjour corporel du Christ parmi nous a pris fin les actes de l'Esprit commencent "
Nous célébrons la Pentecôte ; la venue de l'Esprit Saint, l'accomplissement d'une promesse et la réalisation d'une espérance. Et quel mystère ! Comme il est grand et vénérable ! La vie corporelle du Christ prend fin ou plutôt ce qui regarde son séjour corporel parmi nous ; car j'hésite à dire " ce qui a trait au corps de Jésus " jusqu'à ce que le raisonnement d'un orateur m'ait convaincu qu'il vaut mieux s'être débarrassé du corps. Les actes de l'Esprit commencent. Quels furent ceux du Christ ? La Vierge, la nativité, la crèche, le berceau, les anges glorifiant le Seigneur, les bergers qui accourent, l'étoile qui s'avance, l'adoration des mages et leurs présents, le massacre des enfants par Hérode, la fuite de Jésus en Égypte, son retour, la circoncision, le baptême, le témoignage céleste, Jésus trahi, crucifié, enseveli, ressuscité, montant au ciel, toutes vicissitudes qu'il supporte pour une grande part ; des adversaires du Christ, il supporte les oeuvres d'impiété, car il est patient et magnanime ; de la part de ses amis, il agrée les hommages ; et si, loin des premiers, il retient sa colère, de même, à notre égard, il diffère sa bonté ; peut-être pour donner à ses ennemis le temps du repentir, et quant à nous, pour éprouver la valeur de notre amour, la solidité dans les épreuves et les combats soutenus en vue de la sainteté. Auparavant c'étaient les plans de Dieu et les décisions impénétrables de sa Providence par lesquelles, avec sagesse, il gouverne les choses humaines ; semblable est la volonté du Christ dont nous verrons plus clairement dans l'avenir la réalisation progressive, et puissions-nous la voir personnellement. Mais pour dévoiler les mystères de l'Esprit Saint, que celui-ci nous assiste en personne, qu'il nous accorde le don de la parole, sinon celui que nous désirons, du moins une aisance qui soit à la hauteur de la circonstance. De toute façon c'est en maître, non en esclave, qu'il sera là : il n'attendra pas un ordre venant de nous, comme certains le pensent. L'Esprit souffle où et sur qui il le veut, quand et comment il lui plaît. Ainsi donc, nous avons besoin du souffle divin pour penser et parler de l'Esprit Saint. ( ... )

L'Esprit Saint est Dieu : Il possède donc tous les attributs de la divinité

L'Esprit Saint a toujours existé, il existe et existera toujours, n'ayant ni commencement ni fin, mais toujours étroitement uni au Père et au Fils et compté avec eux; il ne convenait pas, en effet, que le Fils manque au Père ou que l'Esprit manque au Fils. Dans ce cas, en effet, la divinité serait en proie à la plus grande imperfection comme qui arrive à s'accomplir après pénitence (privation). L'Esprit a donc toujours été perceptible, non participant, parfait, non perfectible, complet, non complété, sanctifiant, non sanctifié, déifiant, non déifié. Il est lui-même, pour lui-même, et pour ceux avec qui il est uni, toujours le même. Il est invisible, intemporel, indéfinissable, immuable, exempt de qualité, de quantité, de forme, de matière, il tient de lui-même un mouvement éternel (il ne s'agit évidemment pas ici d'un mouvement matériel, mais d'une sorte d'activité spirituelle au sein de l'Etre), une liberté compète de détermination, une puissance autonome qui est la toute-puissance, bien qu'il faille rapporter à la cause première, non seulement tout ce qui concerne le Fils unique mais aussi ce qui regarde l'Esprit Saint. Il est vie et donneur de vie, lumière et principe de lumière, la bonté en elle-même et source de bienfaits; c'est un Esprit droit, conducteur, maître, il envoie (la lumière), sépare (la vérité de l'erreur), bâtit son temple (dans l'âme docile), indique la route à suivre, opère sa volonté, distribue ses grâces. Il est l'Esprit d'adoption, de vérité, de sagesse, d'intelligence, de science, de piété, de conseil, de force (Is. 11, 12), de crainte (de respect), bref, il est l'Esprit de toutes les vertus énumérées (par Isaïe). C'est par lui qu'est connu le Père, qu'est glorifié le Fils et c'est par ceux-là seuls qu'il est lui-même connu, formant avec eux, un seul et même ordre, étant avec eux l'objet d'un seul et même culte et adoration, partageant avec eux la même puissance, la même perfection, la même sainteté. Pourquoi en parler plus au long ? Tout ce que possède le Père, appartient aussi au Fils, sauf l'absence de naissance. Tout ce qui est la propriété du Fils est aussi celle de l'Esprit, à part le fait que le premier a été engendré (de toute éternité). Tout cela ne fait pas qu'ils diffèrent de substance, à mon avis du moins, mais qu'ils sont distincts dans la même substance.

Manifestations de l'Esprit Saint

Au commencement l'Esprit Saint exerçait sa puissance sur les esprits angéliques, les vertus célestes et toutes les créatures qui viennent immédiatement après Dieu et l'entourent. Car c'est de l'Esprit seul que celles-ci tiennent leur perfection, leur splendeur, leur difficile inclination ou pour mieux dire, leur inaptitude complète à faire le mal, Ensuite, il communiqua sa force aux patriarches et aux prophètes, dont certains virent Dieu, par des représentations, ou le connurent (par d'autres manifestations venant de lui : par exemple des voix, etc…), et d'autres aussi eurent la prescience de l'avenir, ayant reçu dans leur intelligence l'empreinte de l'Esprit Saint, qui les fit assister aux événements futurs comme s'ils étaient présents. Tel, en effet, est le pouvoir de l'Esprit. Il se manifesta ensuite aux disciples du Christ, je ne parle pas du Christ, qu'il assistait, non en lui conférant la puissance mais en l'accompagnant comme son égal, et à ceux-là il le fit de trois manières, dans la mesure où ils étaient capables d'en profiter, et en trois circonstances; avant la glorification du Christ par sa Passion, après son élévation par la Résurrection et enfin après son Ascension dans les cieux. (...) Ceci montre à suffisance que la guérison de la première des maladies, celle des esprits, ne peut évidemment pas avoir été opérée sans le concours de l'Esprit Saint ; que l'insufflation qui eut lieu après l'accomplissement du salut est due sans aucun doute à une intervention divine ; enfin que le partage des langues de feu dont nous célébrons aujourd'hui le souvenir, est lui aussi don de l'Esprit.

La première manifestation était obscure, la deuxième, plus claire ; mais celle d'aujourd'hui est lumineuse : l'Esprit ne participe plus seulement à notre vie par sa puissance, il est avec nous par son être, pourrait-on dire, il vit avec nous. Il convenait cri effet que, le Christ ayant habité corporellement parmi nous, l'Esprit se manifestât lui aussi de manière visible ; que, tandis que le Christ remontait dans son royaume, l'Esprit descendit chez nous, que, s'il y venait comme un maître, il ne fut pas envoyé comme un substitut de Dieu : de telles formules en effet, si elles expriment la conformité des sentiments, maltraitent plutôt l'unité de nature.

Saint GRÉGOIRE DE NAZIANZE Collection les écrits des Saints, Ed. du Soleil Levant, Namur, Belgique, 1962.

Publié dans Pères de l'Eglise

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