Les Etats membres ont beaucoup de mal à surmonter leurs divisions sur l’indépendance à venir du territoire L’Union européenne a décidément du mal à assumer ses responsabilités dans les Balkans. Les ministres des affaires étrangères des VingtSept, réunis lundi à Bruxelles, ont étalé leurs divisions sur cette question. À la veille du second tour de l’élection présidentielle serbe, dimanche prochain, ils ont proposé à la Serbie de signer le 7 février un « accord intérimaire de coopération » qui ne reprendrait que certains chapitres de l’accord de stabilisation et d’association déjà finalisé, essentiellement en matière commerciale. Soutenus par la Belgique, les Pays-Bas, qui hébergent le Tribunal pénal international pour l’exYougoslavie (TPIY), ont maintenu leur opposition à la signature d’un accord de stabilisation et d’association tant que Ratko Mladic, l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, inculpé de génocide pour le massacre de Srebrenica en 1995, ne sera pas arrêté. De leur côté, les 25 autres pays de l’Union et la Commission européenne, inquiets d’une défaite possible, dimanche, de Boris Tadic contre l’ultranationaliste Tomislav Nikolic, étaient prêts à abandonner cette condition de pleine coopération. Avec cet accord au rabais, l’Union européenne tente de peser sur le scrutin, en poussant les Serbes à dire « oui » ou « non » à leur avenir européen, l’offre de coopération devenant caduque en cas de victoire de Tomislav Nikolic. « Je suis convaincu que le peuple serbe choisira de franchir la porte (de l’UE) , pour qu’après le 3 février, après notre référendum sur l’Europe, nous soyons en position de revenir à Bruxelles» pour signer cet accord, a estimé le ministre serbe des affaires étrangères Vuk Jeremic, présent à Bruxelles. L’impact de l’élection présidentielle serbe sera important sur le dossier du Kosovo. Une victoire de Tomislav Nikolic pourrait précipiter une déclaration d’indépendance de la province sécessionniste, attendue courant février, et faire éclater la fragile unité européenne sur ce dossier. L’Union a approuvé, en décembre, le principe de l’envoi d’une mission « police-justice-douanes » de 1 800 policiers et juristes pour épauler le Kosovo dans ses premiers pas vers l’indépendance. L’Union européenne voudrait donner son feu vert à cette mission, comme à la création d’un bureau civil international appelé à succéder à la mission de l’ONU qui gère le Kosovo depuis 1999, avant la proclamation d’indépendance. Faute de quoi, l’unité requise des Vingt-Sept requise pourrait en souffrir. Outre Chypre, hostile à la reconnaissance du Kosovo, l’Espagne, la Bulgarie, la Slovaquie et la Grèce sont réticentes. En raison de l’opposition de la Russie, l’UE devra se passer d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, voire même d’un simple appel du secrétaire général des Nations unies. Les ministres européens des affaires étrangères doivent se retrouver le 18 février. D’ici là, leur cohésion va être mise à rude épreuve. FRANÇOIS D’ALANÇON Avec cet accord au rabais, l’Union européenne tente de peser sur le scrutin présidentiel de dimanche, en poussant les Serbes à dire « oui » ou « non » à leur avenir européen |