Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre : « Le Louvre veut valoriser les arts de Byzance »
4/03/2011 19:06
Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre : « Le Louvre veut valoriser les arts de Byzance »
Après le département des arts de l’Islam, le musée national prépare un nouveau département des arts de Byzance et des chrétientés d’Orient

Coupe au croisé. Début du XIIIe siècle, céramique sgraffito (Louvre)

La Croix : Il y a un peu plus d’un an, Nicolas Sarkozy avait annoncé la création d’un département du Louvre dédié aux « arts des chrétientés d’Orient, des arts byzantins et slaves ». Où en est-on ?


Comment est née l’idée de ce département ?

D’autre part, certaines de nos collections importantes n’avaient pas la visibilité qu’elles méritaient. C’était le cas des arts de l’Islam qui ne bénéficiaient que de quelques salles au sein des antiquités orientales. D’où l’idée de leur aménager un nouveau département qui ouvrira en 2012, dans la cour Visconti.
L’idée d’un autre département dédié aux « arts de Byzance et des chrétientés d’Orient » s’est imposée ensuite très logiquement. Là aussi, nous possédons des collections remarquables, insuffisamment mises en valeur.
Si l’art copte est assez bien représenté au sein des antiquités égyptiennes (1), notre collection byzantine – l’une des premières au monde avec celles des musées de Washington, d’Athènes et de Berlin – est disséminée à travers le Louvre. Ce qui la rend incompréhensible. Sans compter nos ensembles épars, par exemple d’icônes russes ou crétoises. Il fallait réunifier tout cela.

La création de ces deux départements, l’un dédié aux arts de l’Islam, l’autre aux chrétiens d’Orient, implique-t-elle une nouvelle approche axée sur des critères religieux ?

C’est pourquoi aussi le titre de notre neuvième département sera « le département des arts de Byzance et des chrétientés d’Orient ». Le terme « chrétientés » renvoie ici clairement à des royaumes chrétiens qui furent des entités politiques, de la Sainte Russie à Chypre en passant par l’Arménie… Il ne s’agit pas de traiter, par exemple, de la Syrie devenue islamique.

À l’heure où nombre de chrétiens d’Orient, les coptes par exemple, souffrent de persécutions, la création d’un tel département au sein des musées de France a-t-elle une signification politique ?


Quand les visiteurs du Louvre verront-ils ces changements ?

Déjà, les expositions Armenia Sacra en 2007 ou Sainte Russie en 2010 ont marqué l’intérêt renouvelé du Louvre pour ces territoires. D’autre sprojets suivront. Une exposition autour de Byzance et l’Islam par exemple, sur la façon dont ces deux civilisations ont noué des contacts et se sont superposées, serait passionnante…
Recueilli par SABINE GIGNOUX