Voici le Bienheureux Sabbat! (p. Alexander Schmemann)

Publié le par Père Jean-Pierre

Voici le Bienheureux Sabbat! (p. Alexander Schmemann)

 



Le Christ guidant les hommes hors de l'Hadès
détail d'une Icône du 17ème siècle, monastère de Solovetski


Le "Grand et Saint Samedi" est ce jour qui relie le Vendredi Saint, la commémoration de la Croix, au Jour de la Résurrection du Christ. Pour beaucoup, la vraie nature et la signification de cette "liaison," la nécessité même de ce jour entre les deux, tout cela reste obscur. Pour une bonne majorité de fidèles, les jours "importants" de la Semaine Sainte sont le vendredi et le dimanche, la Croix et la Résurrection. Cependant, ces 2 jours restent quelque peu "déconnectés." Il y a le jour de l'affliction, et ensuite, il y a le jour de la joie. Dans cette séquence, l'affliction est simplement remplacée par la joie.. Mais selon l'enseignement de l'Église, exprimé dans sa tradition liturgique, la nature de cette séquence n'est pas celle d'un simple remplacement. L'Église proclame que le Christ a vaincu la mort par la mort. Cela signifie qu'avant la Résurrection, il y a un événement dans lequel l'affliction n'est pas simplement remplacée par la joie, mais est elle-même transformée en joie. Le Samedi Saint est précisément ce jour de transformation, le jour où la victoire sourdre, grandit de l'intérieur même de la défaite, quand avant la Résurrection, nous recevons à contempler la mort de la mort elle-même... tout ceci est exprimé, et bien plus encore, tout ceci a vraiment lieu chaque année dans ce merveilleux Office du matin, dans cette commémoration liturgique qui devient pour nous un cadeau salutaire et transformant.

Psaume 118 – l'amour de la Loi de Dieu

En venant à l'église pour les Matines du Samedi Saint, le vendredi a déjà été liturgiquement accomplit. L'affliction du vendredi est dès lors le thème initial, le point de départ des Matines du Samedi. Cela commence comme un office de funérailles, comme des lamentations sur un corps mort. Après le chant du tropaire funéraire et le lent encensement de l'église, les célébrants s'approchent de l'epitaphion. Nous nous tenons à la tombe de notre Seigneur, nous contemplons Sa mort, Sa défaite. On chante le Psaume 118, et à chaque verset, nous ajoutons une "louange" spéciale, qui exprime l'horreur des hommes et de toute la Création face à la mort de Jésus :

O montagnes et vallées,
multitude des hommes,
et toute la Création, pleurez et lamentez-vous avec moi,
la Mère de votre Dieu (1,69)


Et cependant, dès le départ, en plus de ce thème initial d'affliction et de lamentation, un nouveau thème fait son apparition, et deviendra de plus en plus présent. Nous le trouvons, avant tout, dans le Psaume 118 - "Heureux ceux dont la vie est pure et qui suivent la loi du Seigneur." Dans notre pratique liturgique actuelle, ce Psaume n'est utilisé que lors de funérailles, dès lors sa tonalité "funèbre" pour la plupart des fidèles. Mais dans l'antique tradition liturgique, ce Psaume était une des parties essentielles de la vigile du dimanche, la commémoration hebdomadaire de la Résurrection du Christ. Son contenu n'est pas du tout "funèbre." Ce Psaume est la plus pure et entière expression de l'amour pour la Loi de Dieu, c-à-d pour le divin plan pour l'homme et de sa vie La vraie vie, celle que l'homme a perdue par le péché, consiste à garder et à accomplir la Loi divine, cette vie avec Dieu, en Dieu et pour Dieu, pour laquelle l'homme a été créé.

Je trouve ma joie dans l'observance de Tes ordres, bien plus que dans toute richesse (v. 14)

Tes décrets font mes délices et jamais je n'oublierai Ta parole (v. 16)


Et puisque le Christ est l'image du parfait accomplissement de cette Loi, puisque toute Sa vie n'eut pas d'autre "contenu" que l'accomplissement de la volonté de Son Père, l'Église interprète ce Psaume comme étant les paroles du Christ Lui-même, adressées à Son Père depuis la tombe.

Vois combien J'aime Tes préceptes. Selon Ton amour, donne-Moi la vie (v. 159)

La mort du Christ est l'ultime preuve de Son amour pour la volonté de Dieu, de Son obéissance à Son Père. C'est un acte d'obéissance pure, d'entière confiance dans la volonté du Père; et pour l'Église, c'est précisément cette obéissance jusqu'à la fin, cette parfaite humilité du Fils qui constitue le fondement, le début de Sa victoire. Le Père souhaite cette mort, le Fils l'accepte, révélant une inconditionnelle foi dans la perfection de la volonté du Père, dans la nécessité de ce sacrifice du Fils par le Père. Le Psaume 118 est le Psaume de cette obéissance, et dès lors l'annonce que dans l'obéissance, le triomphe a commencé.



La rencontre avec la mort.

Mais pourquoi le Père désire-t'Il cette mort? En quoi est-elle nécessaire? La réponse à cette question constitue le 3ème thème de notre Office, et elle apparaît d'abord dans les "louanges," qui suivent chaque strophe du Psaume 118. Elles décrivent la mort du Christ comme Sa descente dans l'Hadès. Dans le langage biblique, "Hadès" signifie le royaume de la mort, que Dieu n'a pas créé et qu'Il n'a pas voulu; cela signifie aussi que le Prince de ce monde est tout puissant en ce monde. Satan, péché, mort – telles sont les "dimensions" de l'Hadès, son contenu. Car le péché vient de satan et la mort est la conséquence du péché – "le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort" (Romains 5,12). "Depuis Adam jusqu'à Moïse, la mort a régné" (Rom. 5,14), l'univers entier est devenu un cimetière cosmique, et fut condamné à la destruction et au désespoir. Et c'est pour cela que la mort est "le dernier ennemi" (1 Co 15,20) et sa destruction constitue le but ultime de l'Incarnation. Cette rencontre avec la mort est "l'heure" du Christ dont Il a dit "c'est pour cette heure que Je suis venu" (Jn 12,27).

A présent cette heure est venue, et le Fils de Dieu entre dans la mort. Les Pères décrivent habituellement ce moment comme un duel entre le Christ et la mort, entre le Christ et satan. Car cette mort devait soit être le dernier triomphe de satan, soit sa défaite décisive. Le duel se développe sur plusieurs niveaux. D'abord, les forces du mal semblent triompher. Le Juste est crucifié, abandonné de tous, subissant une mort honteuse. Il devient aussi un participant de l'Hadès, de ce lieu de ténèbres et de désespoir... mais à ce moment même, la véritable signification de la mort est révélée. Celui qui mort sur la Croix a la Vie en Lui-même, c-à-d Il a la vie non pas comme don extérieur, un don qui dès lors pourrait Lui être retiré, mais comme étant Sa propre essence. Car Il est la Vie et la Source de toute vie. "En Lui était la Vie, et la Vie est la Lumière des hommes." L'homme Jésus meurt, mais cet Homme est le Fils de Dieu. Comme homme, Il sait vraiment mourir, mais en Lui, Dieu Lui-même entre dans le royaume de la mort, participe à la mort. C'est l'unique et l'incomparable signification de la mort du Christ. En elle, l'homme qui meurt est Dieu, ou pour être plus exact, le Dieu-Homme. Dieu est le Saint Immortel; et uniquement dans l'unité, "sans confusion ni changement ni division ni séparation" de Dieu et de l'Homme en Christ, la mort humaine sait être "assumée" par Dieu et être vaincue et détruire de l'intérieur : "par la mort Il a vaincu la mort."



La mort est vaincue par la Vie

A présent nous comprenons pourquoi Dieu désire cette mort, pourquoi le Père y livre Son Fils Unique engendré. Il désire le Salut de l'homme, c-à-d, que la destruction de la mort ne soit pas un acte de Sa puissance ("ne pensez-vous pas que Je pourrais prier le Père, et Il M'enverrait aussitôt plus de 12 légions d'Anges?" Mt 26-53), non pas une violence, quand bien même il s'agirait d'une violence salutaire, mais un acte de cet amour, liberté et libre consécration à Dieu pour laquelle Il créa l'homme. Car tout autre Salut aurait été en opposition avec la nature de l'homme, et, dès lors, n'aurait pas été un vrai Salut. D'où la nécessité de l'Incarnation et la nécessité de cette divine mort. En Christ, l'homme restaure l'obéissance et l'amour. En Lui, l'homme vainc le péché et le mal. Il était essentiel que la mort ne soit pas détruite par Dieu, mais vaincue et écrasée par la nature humaine elle-même, par l'homme et à travers l'homme. "Car puisque par l'homme vint la mort, par l'homme aussi vint la résurrection des morts" (1 Co 15,21).

Le Christ accepte librement la mort; de Sa vie, Il dit : "Nul me la prend, mais Je la donne de Moi-même" (Jn 10,18). Il ne le fait pas sans lutter : "Et Il commença à être triste et écrasé" (Mt 26,27). Ici est accomplie la mesure de Son obéissance, et, dès lors, ici est la destruction de la racine morale de la mort, de la mort comme rançon pour le péché. La vie entière de Jésus est en Dieu comme toute vie humaine devrait l'être, et c'est dans cette plénitude de Vie, cette vie pleine de signification et de contenu, remplie de Dieu, qui écrase la mort, en détruit la puissance. Car la mort est, par dessus tout, un manque de vie, une destruction de la vie qui s'est coupée elle-même de sa seule source. Et parce que la mort du Christ est un mouvement d'amour envers Dieu, un acte d'obéissance et de confiance, de foi et de perfection – c'est un acte de vie ("Père, entre Tes mains, Je remet Mon Esprit!" Lc 23,46). C'est la mort de la mort elle-même.

Telle est la signification de la descente du Christ dans l'Hadès, de Sa mort devenant Sa victoire. Et la lumière de cette victoire illumine à présent notre vigile devant la Tombe.

O Vie, comment pourrais-Tu mourir?

Comment pourrais-Tu demeurer dans une tombe?

Et cependant par Ta mort Tu as détruis le royaume de la mort,

et relevé tous les morts de l'Hadès
(1,2)

Dans une tombe Il T'ont couché

Ô Christ, Toi la Vie.

Par Ta mort, Tu as anéanti la puissance de la mort

et est devenu la Source de Vie pour le monde entier
(1,7)

O qu'elle est grande la joie,

qu'elle est grande l'allégresse,

que Tu as amenée aux prisonniers de l'Hadès,

comme la lumière éclatante dans ses noires profondeurs
(1,49)

La Vie entre dans le royaume de la mort. La Lumière Divine brille dans ses terribles ténèbres. Elle irradie sur tous ceux qui y sont, parce que le Christ est la vie de tous, la seule Source de toute vie. Dès lors, Il meurt aussi pour tous, car tout ce qui arrive à Sa vie – c'est à la Vie même que cela arrive.. Cette descente dans l'Hadès est la rencontre de la Vie de tous avec la mort de tous :

Voulant sauver Adam,

Tu descendis sur terre.

Ne le trouvant pas sur terre, Ô Maître,

Tu descendis dans l'Hadès afin de l'y chercher
(1,25).

L'affliction et la joie se combattent l'une l'autre, et à présent, la joie est sur le point de l'emporter. Les "louanges" sont finies. Le dialogue, le duel entre la Vie et la mort arrive à son terme. Et, pour la première fois, le chant de victoire et de triomphe, le chant de la joie résonne. Il résonne dans le tropaire pour le Psaume 118, chanté chaque vigile de dimanche à l'approche du Jour de la Résurrection:

Le choeur angélique fut rempli de terreur lorsqu'il Te vit parmi les morts! En détruisant la puissance de la mort, Ô Sauveur, Tu as relevé Adam et sauvé tous les hommes de l'Hadès!

A la Tombe, l'Ange radieux s'écria aux femmes myrophores : "Pourquoi, ô femmes, mêlez-vous vos larmes à la myrrhe? Regardez la Tombe et comprenez : le Sauveur est relevé de la mort!"




La Tombe vivifiante

Alors arrive le magnifique Canon du Samedi Saint, dans lequel à nouveau tous les thèmes de cet Office sont repris – depuis les lamentations des funérailles jusqu'à la victoire sur la mort – repris et approfondis, ce qui s'achève ainsi :

Que la Création se réjouisse! Que tout ce qui est né sur terre soit dans l'allégresse! Car l'Hadès plein de haine a été dévasté. Que les femmes myrophores viennent à Ma rencontre; car Je rachète Adam et Eve et tous leurs descendants, et au 3ème jour, Je Me relèverai!

"Et au 3ème jour, Je Me relèverai!" A partir de maintenant, la joie pascale illumine l'Office. Nous nous tenons encore devant la Tombe, mais elle nous a été dévoilée comme étant la Tombe donnant la vie. La Vie y repose, une nouvelle Création est en train de naître, et à nouveau, le 7ème Jour, le jour du repos, le Créateur Se repose de toutes Ses oeuvres. "La Vie dort et l'Hadès tremble" – et nous contemplons, ce bienheureux Sabbat, ce repos solennel de Celui qui nous ramène la Vie : "Venez, regardons notre vie qui git dans la tombe..." La signification pleine et mystique du 7ème Jour, comme jour d'accomplissement, le jour de la réalisation, nous est à présent révélée, car

Le grand Moïse prédisit mystiquement ce jour, quand il dit

Dieu bénit le 7ème Jour.

C'est le Bienheureux Sabbat,

c'est le jour du repos,

jour où le Fils Unique de Dieu reposa de toutes Ses oeuvres.

En souffrant la mort pour accomplir le plan du Salut,

Il observa le Sabbat dans la chair;

en revenant à nouveau à ce qu'Il était,

Il nous a accordé la vie éternelle par Sa Résurrection,

Car Lui seul est bon, et Ami des hommes.


A présent, nous faisons le tour de l'église dans une procession solennelle avec l'epitaphion, mais pas une procession funèbre. C'est le Fils de Dieu, le Saint Immortel, Qui procède à travers les ténèbres de l'Hadès, annonçant à "Adam et toute génération" la joie de la Résurrection à venir. "Se relevant tôt de la nuit," Il proclame "le mort se relèvera, ceux dans les tombeaux se réveilleront, et tous ceux sur terre se réjouiront abondamment."


Attente de la Vie

Revenons à l'église. Nous connaissons déjà le mystère de la mort vivifiante du Christ. L'Hadès est détruit. L'Hadès tremble. Et maintenant paraît le dernier thème – le thème de la Résurrection.

Le Sabbat, le 7ème Jour, achève et complète l'histoire du Salut, son dernier acte étant la défaite de la mort. Mais après le Sabbat vient le premier jour de la nouvelle Création, d'une nouvelle vie née de la Tombe.

Le thème de la Résurrection est inauguré dans le prokimenon:

Ressuscite, Seigneur - Viens a notre secours et délivre nous à cause de Ton Nom. Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, et nos pères nous l'ont annoncé.

Cela continue avec la première lecture, la prophétie d'Ezéchiel sur les ossements secs (ch. 37): "Et voici, ils étaient fort nombreux sur la face de la vallée. Et ils étaient complètement desséchés." C'est la mort triomphant dans le monde, les ténèbres, le désespoir de cette universelle condamnation à mort. Mais Dieu parle au prophète. Il annonce que cette condamnation n'est pas la destinée ultime de l'homme. Les os desséchés entendront les paroles du Seigneur. Les morts revivront. "Voici, J'ouvrirai vos tombeaux. Je vous ferai remonter de vos sépulcres, Mon peuple, et Je vous ramènerai sur la terre d'Israël." Après cette prophétie vient le second prokimenon – avec le même appel, la même prière :

Lèves-Toi, Ô Seigneur mon Dieu, élève Ta droite!

Comment cela va-t'il se passer, comment cette résurrection universelle est-elle possible? La seconde lecture (1 Co 5,6; Gal. 3,13-14) donne la réponse : "un petit peu de levain fait lever toute la pâte.." Le Christ, notre Pâque, est ce levain de la résurrection pour tous. Comme Sa mort détruit le principe même de la mort, Sa Résurrection est le gage de la résurrection de tous, car Sa vie est la Source de toute vie. Et les versets de l'Alléluia, ces mêmes versets qui inaugureront l'Office de Pâques, confirment cette réponse finale, la certitude que le moment de la nouvelle Création, du Jour sans soir, a commencé :

Alléluia! Que Dieu ressuscite! Que Ses ennemis soient dispersés et que fuient devant Son visage tous ceux qui Le haïssent. Alléluia! Qu'ils disparaissent comme se dissipe la fumée, comme fond la cire devant le feu!

La lecture des prophéties est achevée. Cependant, nous n'avons entendu que des prophéties. Nous sommes toujours dans le Samedi Saint, devant la Tombe du Christ, et nous avons à vivre toute cette longue journée avant de pouvoir entendre à minuit : "Le Christ est ressuscité," avant d'entrer dans la célébration de Sa Résurrection. Ainsi, la 3ème lecture - Mathieu 27,62-66 – qui complète cet Office, nous reparle à nouveau du Tombeau – "devant lequel ils ont placé des gardes armés et qu'ils ont scellé."

Mais c'est probablement ici, à la fin même des Matines, que la signification ultime de ce "jour de liaison" est manifestée. Le Christ Se relève de la mort, nous célébrerons Sa Résurrection le Jour de Pâques. Cependant, cette célébration commémore un événement unique du passé, et anticipe un mystère du futur. C'est déjà Sa Résurrection, mais pas encore la nôtre. Nous aurons à mourir, à accepter de mourir, la séparation, la destruction. Notre réalité en ce monde, en cet "éon," c'est la réalité du Samedi Saint; ce jour est la vraie image de notre condition humaine. Nous croyons dans la Résurrection, parce que le Christ S'est relevé de la mort. Nous attendons la Résurrection. Nous savons que la mort du Christ n'est plus sans espoir, la fin ultime de tout. Baptisés dans Sa mort, nous participons déjà à Sa vie qui est sortie de la Tombe. Nous recevons Son Corps et Son Sang qui sont nourriture d'immortalité. Nous avons en nous-mêmes le gage, l'anticipation de la vie éternelle. Toute notre existence Chrétienne est mesurée par ces actes de communion à la vie du "nouvel éon" du Royaume, et cependant, nous sommes ici, et la mort est notre inévitable lot.

Mais cette vie entre la Résurrection du Christ et le jour de la résurrection générale, n'est-ce pas précisément la vie pendant le Samedi Saint? L'attente n'est-elle pas la catégorie basique et essentielle de l'expérience Chrétienne? Nous attendons dans l'amour, l'espoir et la Foi. Et cette attente pour "la résurrection et la vie du monde à venir," cette vie qui est "cachée avec le Christ en Dieu" (Col. 3,34), cette croissance dans l'attente dans l'amour, dans la certitude, tout cela, c'est notre propre Samedi Saint. Petit à petit, tout en ce monde devient transparent à la Lumière qui vient de là, "l'image de ce monde" passe et cette vie indestructible avec le Christ devient notre valeur suprême et ultime.

Chaque année, le Samedi Saint, après cet Office matinal, nous attendons après la nuit de Pâques dans la plénitude de la joie pascale. Nous savons que cela approche – et cependant, qu'elle est lente cette approche, qu'il est long, ce jour! Mais ce merveilleusement paisible Samedi Saint n'est-il pas le symbole de notre vie même en ce monde? Ne sommes-nous pas toujours dans ce "jour de liaison," attendant la Pâques du Christ, nous préparant nous-mêmes pour le jour sans fin de Son Royaume?
Archiprêtre Alexander Schmemann

Publié dans Enseignement

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