Saint Païssy Velitchkovsky: Le Parchemin/ Six Chapitres sur la Prière Mentale (III)

Publié le par Père Jean-Pierre

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MERCREDI 9 FÉVRIER 2011

Saint Païssy Velitchkovsky: Le Parchemin/ Six Chapitres sur la Prière Mentale (III)




CHAPITRE PREMIER ( Suite)
Et quel succès le serpent, fontaine du mal, obtint-il par l'entremise de son fils de perdition, l'hérétique trois fois maudit Baarlam, à qui il apprit à blasphémer, comme je l'ai dit, contre la sainte prière du coeur ? Pouvait-il par son blasphème obscurcir la lumière de cette œuvre spirituelle, et comme il l'espérait la déraciner complètement ? Pas du tout mais son mal lui fut retourné. Car à ce moment-là, le grand champion et le grand avocat de la piété, le très radieux parmi les Saints, notre Père Grégoire Palamas, Archevêque de Thessalonique, en accord complet avec elle et dans l'exercice constant de la prière du coeur, se mit à briller comme le soleil sur la Sainte Montagne de l'Athos, avec les dons du Saint Esprit. 
Avant son élévation au Trône hiérarchique de cette Eglise, sous le règne du très divin empereur Andronique Paléologue, dans la très célèbre grande église de la sagesse de Dieu (Sainte Sophie) en la ville impériale, au grand conseil qui était assemblé contre l'hérétique Barlaam déjà mentionné, étant (Palamas) rempli de l'Esprit de Dieu et revêtu de l'invisible pouvoir d'en-Haut, il ferma la bouche qui était ouverte contre Dieu, et lui fit grande honte et par ses paroles et ses écrits inspirés de feu, il brûla ses hérésies, qui n'étaient destinées qu'au feu, et tous ses blasphèmes et les réduisit en cendres. Et cet hérétique de Barlaam avec Acindynus et tous ceux qui pensaient comme eux furent anathématisés trois fois par toute l'Eglise Catholique de Dieu. Et même maintenant, une fois par an, le dimanche de l'Orthodoxie, lui-même et les autres hérétiques sont anathématisés par la même Eglise de cette façon : "Sur Barlaam et Acindynus et leurs disciples et successeurs, anathème trois fois".
Méfiez-vous, ô amis qui osez blasphémer contre la prière du coeur, et voyez qui fut le premier blasphémateur : ne fut-ce point l'hérétique Barlaam, qui fut anathématisé trois fois par l'Eglise et qui doit être maudit à jamais ? Par vos blasphèmes, n'entrez-vous pas aussi en communion avec cet hérétique et avec ceux qui pensent comme lui ? Vos âmes ne tremblent-elles point, à l'idée que pareillement vous tombiez sous la malédiction de l'Eglise, et que vous soyez séparés de Dieu ? En vous élevant contre une tâche aussi sacrée et en scandalisant par vos blasphèmes les âmes de vos proches qui sont d'un entendement instable, ne craignez-vous pas la terrible menace que Dieu a promis pour une telle chose dans l'Evangile ? N'avez-vous point crainte des paroles de l'Apôtre qui disent "c'est une chose terrible que de tomber dans les mains du Dieu vivant" (Heb. 10 : 31), et pour cela vous pourriez tomber, si vous ne vous repentez, à la fois dans un châtiment temporel et éternel ? Quelle raison plausible avez-vous trouvée pour proférer des blasphèmes à l'encontre de cette très pure et très sainte chose ? Je suis dans une perplexité totale.
Imaginez-vous que l'invocation du nom de Jésus soit sans bénéfice ? Mais il n'est pas possible d'être sauvé par tout autre nom que celui de Jésus-Christ, notre Seigneur.
L'intellect humain par lequel agit la prière est-il défectueux ? Mais ceci est impossible, car Dieu créa l'homme à Son image et à Sa ressemblance ; et l'image et la ressemblance de Dieu est l'âme de l'homme, qui suivant la création de Dieu est pure et immaculée: de ce fait l'intellect, étant le principal sens de l'âme, comme la vue pour le corps, est pareillement sans défaut.
Le cœur, sur lequel comme sur un autel l'intellect offre à Dieu, d'une manière sacrée, le sacrifice mystique de la prière mérite-t-il le blasphème ? En aucune façon ! Etant la création de Dieu, comme l'est le corps humain tout entier, il est très bon. Et si l'évocation de Jésus sauve l'âme, et que l'intellect et le coeur de l'homme sont l'œuvre des mains de Dieu, alors qu'en est-il d'un homme pécheur s'il fait s'élever avec son intellect des profondeurs de son coeur, la prière au très doux Jésus et Le supplie de lui faire miséricorde?
Ou bien blasphémez-vous et dénigrez-vous la prière du cœur parce qu'il vous semble que Dieu n'entend pas la prière mystique accomplie dans le cœur mais seulement celle qui est prononcée par les lèvres ? Mais ceci est un blasphème contre Dieu : car Dieu connaît les cœurs et connaît exactement les pensées les plus subtiles du coeur, même les pensées à venir, et Il les connaît toute comme Dieu, Omniscient. Et il recherche lui-même comme un sacrifice pur et immaculé, une telle prière mystique élevée depuis les profondeurs du cœur, ayant ordonné : "Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu as fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le secret ; et ton Père qui te voit en secret, te récompensera au grand jour (Matt. 6 : 6). Ces paroles, les lèvres du Christ, la Lumière du monde et le maître universel Saint Jean Chrysostome, dans sa 19ème Homélie sur l'Evangile de saint Matthieu, avec la sagesse divine de l'Esprit Saint, les attribue non pas seulement à la prière prononcée avec les lèvres et la langue, mais à la très secrète prière sans voix prononcée depuis les profondeurs du coeur.
Il apprend à l'accomplir sans actions du corps et sans le son de la voix, mais avec la plus fervente volonté, en toute quiétude, avec la contrition des pensées et les larmes intérieures, avec la peine de l'âme et la fermeture des portes de l'intellect. Et il avance l'Ecriture Sainte comme preuve de cette prière, Moïse celui le théopte (qui a vu Dieu), et sainte Anne et le juste Abel, parlant ainsi : 
"Mais as-tu de la douleur en ton âme? Tu ne peux te contenter de crier seulement, car prier et supplier de la manière que j'ai mentionnée, est caractéristique de l'homme qui a beaucoup de douleur. Moïse aussi étant dans la peine, pria de cette manière et sa peine fut entendue, car à ce moment-là aussi, Dieu lui parla : "Pourquoi cries-tu vers moi?" (Ex. 14 : 15). Et Anne, de même, accomplit tout ce qu'elle souhaitait sans que sa voix ne soit entendue, parce que son seul cœur criait. Et Abel, ne priait-il pas en silence, même en mourant ? et son sang fit entendre une voix plus forte que celle de la trompette. Gémis-tu aussi alors, tout comme Moïse le saint ? Je ne le défends pas ! Déchire ton coeur et non tes vêtements, comme le recommanda le prophète. Appelle Dieu du fond des abîmes : "Des profondeurs, dit-il, j'ai crié vers Toi, ô Seigneur" (Ps 129 : 1) ; du fond du coeur prenez voix, faites de votre prière un sacrement". Et plus tard : "Car vous ne priez pas un homme, mais Dieu Qui est partout, Qui vous entend avant que vous ne parliez et Qui connaît les pensées qui ne passent point par les paroles ; si vous priez de cette façon, vous recevrez une grande récompense: Ton Père, dit-Il, qui te voit secrètement, te récompensera au grand jour. Et plus tard : "De même qu'Il est invisible, Il désire que Ta prière le soit pareillement".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
THE SCROLL 
Containing 
SIX CHAPTERS ON MENTAL PRAYER
By Our Father of Blessed Memory [saint] 
STARETZ PAISIUS VELITCHKOVSKY
Orthodox Word
Saint Herman of Alaska Brotherhood,
Platina,
California, USA
1972
*
(Gravure de saint Païssy: 
Dominique Aymonier-Lopez)
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