Mgr Stéphanos

Publié le par Père Jean-Pierre

.L’HOMME, PRETRE DE LA CREATION Suite...

2. L’ homme, création à l’image de Dieu.

Ainsi l’homme représente pour l’univers l’espoir de recevoir la grâce et de s’unir à Dieu ; il est aussi un risque : le risque de la déchéance et de l’échec lorsque, chaque fois qu’il se détourne de Dieu, il ne voit plus des choses que l’apparence, la figure qui passe ( 1 Cor 7/31 ) , ce qui a pour conséquence de leur donner un faux nom. C’est ce qui fait la grandeur de l’homme : une grandeur qui réside dans sa dimension irréductiblement personnelle, méta-cosmique, laquelle lui permet non pas de dissoudre le cosmos mais de le transformer en temple de la Sagesse divine.

Déchéance, rédemption ! Deux textes fondamentaux de Saint Paul dans son Epître aux Romains devraient ici retenir notre attention.

Le premier est celui de Romains 1/20 : … depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, éternelle puissance et divinité, sont visibles dans ses œuvres pour l’intelligence… : la Parole créatrice de Dieu est donc bien la source de toute réalité non seulement existentielle et historique mais aussi cosmique.

Le second est tiré de Romains 8/ 19-21 : Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant – non de son propre gré, mais par l’autorité de celui qui l’y a livrée – elle garde l’espérance car elle sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la gloire et à la liberté de Dieu. Tout ce qui est en l’homme revêt une signification universelle et s’imprime sur l’univers, ce qui fait dire à Olivier Clément : la révélation biblique nous place devant un anthropocentrisme résolu, non pas physique mais spirituel puisque le destin de la personne humaine détermine le destin du cosmos (5). Cela devient possible dès lors que l’homme se présente comme l’axe spirituel de tout le créé, de tous ses plans, de tous ses modes puisqu’il est à la fois microcosme et microthéos, autrement dit le résumé de l’univers et l’image de Dieu et parce qu’enfin Dieu s’est fait homme pour s’unir au cosmos.

Le fait essentiel demeure donc ici le mystère de l’Incarnation ; il place l’homme au centre de la création. Le Christ, en récapitulant l’histoire humaine, donne du même coup aux cycles cosmiques la plénitude de leur sens. Le mystère de l’Incarnation du Verbe contient en soi… toute la signification des créatures sensibles et intelligibles, affirme Saint Maxime le Confesseur (6). Celui qui connaît le mystère de la Croix et du Tombeau connaît aussi le sens des choses ; celui qui est initié à la signification cachée de la Résurrection connaît aussi le but pour lequel dès le commencement, Dieu créa le tout. Avec la création et la chute commence une ligne horizontale qui avance directement de la Croix et de la Résurrection jusqu’ à la Pentecôte et dans laquelle l’homme est impliqué comme créateur, parce qu’il est l’image par excellence du Verbe de Dieu ; comme souverain car le Christ, à l’image duquel il a été créé, est le Seigneur-Roi qui domine l’univers ; enfin, par-dessus tout comme prêtre de tout l’univers qu’il récapitule en lui puisqu’il a pour modèle le Christ lui-même, Grand Prêtre (7).

La Bible utilise le verbe hébreu bara pour dire que Dieu créa le ciel et la terre ( Gen.1/1 ). Le mot hébreu se réfère toujours à une action de Dieu ( voir aussi Es.43/1,7,15 ), ce qui s’oppose à tout ce qui est fabriqué ou construit. Ainsi, l’univers jaillit neuf des mains du Dieu biblique. Lorsque donc Grégoire de Nysse décrit cette création comme une ordonnance musicale (8), nul doute qu’il ne fait là que rejoindre la tradition hébraïque elle-même pour laquelle le premier Adam – Qadmon, l’homme antérieur - était un corps de lumière qui récapitulait les six jours de la création et devait rendre au divin Créateur la libre réponse de l’amour en se laissant aspirer par la lumière incréée de Dieu dans un mouvement d’ascension à même le septième jour. L’homme devait y enfanter le huitième jour, transfiguration du premier (9). Dans la vision chrétienne, l’univers est une réalité neuve, véritable, dynamique, animée par une force lumineuse, spermatique que Dieu a introduite en lui comme tension vers la transcendance (10).

A suivre.....

Publié dans Théologie

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